Annie Ernaux
Depuis Les Armoires vides (1974) jusqu'aux Années (2008), en une quinzaine de livres, Annie Ernaux est devenue l'un de nos meilleurs écrivains. La recherche formelle dont témoignent ses textes, par la voie d'une méthode sans cesse inédite et repensée, a définitivement bouleversé le champ de l'écriture autobiographique. Fille unique d'un couple d'ouvriers devenus commerçants, elle passe son enfance à Yvetot, dans l'épicerie-café que tiennent ses parents, avant de faire ses études à Rouen et de devenir institutrice, puis agrégée de lettres.
C'est tout particulièrement sa jeunesse en Normandie qui lui fournit le sujet ou le cadre de ses textes (La Place, La Honte, Ce qu'ils disent ou rien, L'Événement, Les Années). À la suite de Nathalie Sarraute (Enfance), Michel Leiris (L'Âge d'homme) ou Georges Perec (W ou le Souvenir d'enfance), elle révèle la trame du récit et la fiction intrinsèques au matériel autobiographique.
Le milieu ouvrier et paysan dont elle est issue l'a souvent conduite à un travail linguistique et culturel qui tient de l'anthropologie, mais la fluidité de son style et les sujets qu'elle aborde (le rapport au père, à la mère, au corps, la passion amoureuse) ne l'ont jamais privée d'un lectorat très large.
Comme tous les grands écrivains, Annie Ernaux a donc réussi à imposer une écriture d'une exigence infaillible sans jamais cesser d'être populaire.