20 ans et au Front
Ils ont vingt ans. Ils sappellent Jordan, Pierre, David, Kévin, Anne-Sophie… Ils ont leur carte au Front national, et sont même devenus l’un des outils de la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen. Pourquoi, à leur âge, pousser la porte d’un parti comme le Front National ? Que dit leur engagement de notre époque ? Au FN, ces jeunes viennent chercher de l’ordre… et de la rébellion. Ils ont besoin d’autorité mais aussi de transgression. Au XXIe siècle, la révolution des jeunes gens 2.0 se fait aussi chez Marine Le Pen.
Ils sont apparus de plus en plus nombreux dans les meetings et les sections locales du FN, au fil des campagnes présidentielle, municipales et européennes. Dans le sillage de Marine Le Pen, ils se sont engagés, corps et âmes. D’accord pour la préférence nationale, affolés par la mondialisation, assoiffés de protection.
Il y a parmi eux des laissés pour compte, des oubliés de l’ascenseur social. Ce sont les enfants de la crise. Mais d’autres se servent du nouveau FN, qui assume sa volonté de conquête de pouvoir, pour faire carrière. Ils sont les bons soldats du marinisme.
Ces nouveaux visages sont une aubaine pour le FN, en quête de renouveau. Idéal pour fermer la période du FN de papa, de son Algérie française, de ses mauvaises fréquentations et ses dérapages verbaux. Ils sont donc mis en avant par l’équipe de Marine Le Pen une enquête exceptionnelle au coeur de l’appareil FN, émaillée de dix portraits emblématiques de jeunes militants et élus.
Ils sont peu connus. On les entend peu, hormis quelques dérapages racistes et phrases simplistes reprises dans les médias. Pourtant leur engouement pour un parti d’extrême droite néopopuliste est un phénomène nouveau, et très intéressant, car c’est aussi l’un des signaux de la crise du politique.
Charlotte Rotman
Charlotte Rotman est journaliste àLibération, membre du service politique, elle est en charge du FN. Elle est l'auteur des Années 68 (avec Patrick Rotman, Seuil, 2008).