Le dernier rapport de l’Institut national de la santé souligne que, si les délits graves ne progressent que faiblement, la violence ordinaire dans les collèges, les lycées, dans la rue et dans la famille ne cesse d’augmenter, et cela dans tous les milieux. L’enfant ou l’adolescent, dénué de repères, sans cadre ni limites, exprime vivement son agressivité à l’encontre de son entourage, en une spirale infernale dont il a du mal à sortir et qui peut le mener au pire. Et quand il n’est pas violent envers son environnement scolaire ou familial, il retourne cette violence contre lui-même — on constate une forte augmentation des tentatives de suicides chez les 15/20 ans.
Mais qui sont ces enfants que l’on nous décrit trop souvent comme des ennemis irrécupérables?
Quinze ans après Les Enfants de la violence, Claude Couderc a mené l’enquête au sein des instituts spécialisés dans l’accueil des jeunes criminels, auprès des parents et des éducateurs. Sans les juger, il s’attache à retracer le parcours de dix d’entre eux. Julie, Kevin, Barbara, Julien, Karim… Ces dix portraits nous permettent de comprendre ces jeunes en plein désarroi qui expriment leur souffrance, leur difficulté de communication et leur rejet instinctif d’une société dont ils ne tolèrent pas les modèles. L’absentéisme parental, le chômage fragilisent la cellule familiale et dénaturent les relations. La dégradation de l’image des femmes, l’alcool en vente libre, la dictature des marques et de la consommation, la pornographie en accès facile, les scènes télévisuelles violentes et méprisantes…, les piègent dans la colère et l’humiliation. Le monde du travail, de plus en plus exigeant et de plus en plus élitiste, leur fait peur et les plonge dans le désespoir.
À sa manière juste et sensible, avec pondération, Claude Couderc nous donne quelques clefs pour réfléchir à notre société afin de mieux éduquer et de mieux protéger notre jeunesse.