Alfred de Musset – NE
Depuis quelques années (on a célébré le centenaire de sa naissance en 1997), l’oeuvre de Philippe Soupault est réévaluée dans toute son étendue. Mort en 1990, il fut avec André Breton le fondateur du surréalisme, avant d’en être exclu en 1927, en raison de sa tiédeur politique et parce qu’il reconnaissait une valeur à l’activité littéraire, lui qui prétendit n’avoir jamais pris la littérature au sérieux. Il fut successivement, ou simultanément, poète, romancier, essayiste, critique de cinéma, scénariste, critique d’art, mémorialiste, chroniqueur, grand reporter, auteur dramatique, auteur d’anthologies, homme de radio, directeur de revues et de collections…Qui est Musset? se demande Philippe Soupault dès les premières lignes. Son projet est de voir qui est le poète que dissimule le personnage éloquent qu’on nous fait connaître à l’école et qui jouit d’une réputation qu’il ne mérite pas, alors qu’on ignore ou qu’on sous-estime une partie de son oeuvre. C’est alors le portrait d’un inconnu que propose l’auteur en suivant, pour lui rendre justice, la seule ligne de son oeuvre. Celle-ci culmine, à ses yeux, avec les poèmes de la fin de sa vie, écrits pour lui-même, dans l’indifférence au jugement de ses contemporains. Loin de retenir les poésies les plus célèbres, l’anthologie privilégie des textes à peine connus, certains publiés après la mort de Musset (1857). Elle s’étend à des proses et des extraits du théâtre que Soupault a détachés pour leur «audace lyrique» et leur «éclatante beauté». L’oeuvre de Musset, en fin de compte, est confrontée par le co-auteur des «Champs magnétiques» à la «révolution annoncée par Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont et le surréalisme». La présentation de Philippe Soupault est accompagnée de portraits et de fac-similés, et suivie d’un choix de textes et d’une bibliographie mise à jour.