André du Bouchet
Deux monographies inédites paraissent en février dans la collection «Poètes d’aujourd’hui». Elles illustrent la volonté de faire revivre la collection emblématique des éditions Seghers non seulement par l’exploitation de son fonds (riche de plus de 300 titres), mais aussi en proposant des lectures plus contemporaines des poètes de tous les temps et en accueillant des poètes nouveaux. Les premiers inédits sont consacrés à André du Bouchet et à Isidore Ducasse.Né en 1924, André du Bouchet est mort au printemps dernier: un demi-siècle d’écriture qui a vu paraître une vingtaine de livres où s’exprime une relation avec la langue qui se donne comme une relation à l’autre et au monde. «J’écris aussi loin que possible de moi», lit-on dans ce livre-culte, «Dans la chaleur vacante». Car c’est en passant par le retrait que s’éclaire un espace capable de tenir tête au temps. Quelques mots sans cesse remis en jeu et confrontés aux blancs de la page portent cette lumière en donnant au lecteur un sentiment de plénitude qui fait la force des poésies les plus grandes. La présentation de Clément Layet insiste sur cinq thèmes, annoncé chacun par un texte de du Bouchet dont le commentaire élargit progressivement le point de vue, dégage la plus grande extension de sens. Il est ainsi question tour à tour de la relation à l’espace, de la peinture comme moteur d’écriture, du rapport à l’autre, du rêve et de la politique, enfin de la question du temps. L’anthologie se divise elle-même en quatre parties: les poèmes et proses; les traductions (Shakespeare et Mandelstam); les textes sur la peinture (Poussin, Bram Van Velde, Tal Coat); les textes sur la poésie (Reverdy, des Forêts).