Chants de corail et d’argent
«Le 19 juillet 1857, j’ai quitté cette maison sans savoir si j’y reviendrais. Je ressens encore l’effroi de ces jours, celui de ce moment précis où, parvenu à Ampamoizamaso, “Là où les yeux abandonnent”, alors que je me dirigeais vers la côte, je m’étais retourné pour regarder une dernière fois la colline de Tananarivo. J’avais alors cru distinguer, très loin, en haut du palais que je lui avais bâti, la silhouette de la reine, ou plutôt la tache pourpre de son ombrelle. Ce fut alors que je compris – au sens non seulement d’entendre, mais d’accepter, quand tout en moi s’en indignait – que le verdict qui me chassait, qui me rejetait en étranger loin des rivages de ce pays était sans appel. Je sus aussi que je ne la reverrais plus.»Natif d’Auch dans le Gers, Jean Laborde échoua sur l’île de Madagascar à vingt-six ans et y resta jusqu’à sa mort, à soixante-treize ans, en 1878. Tour à tour architecte, ingénieur et philosophe, il bâtit cité industrielle et palais. D’abord conseiller de la grande reine Ravalona Iére, il complota pour la détrôner au profit de son fils, Radama II, ce qu’il paya d’un exil avant de revenir quatre années plus tard comme premier consul de France.Dans ce roman, deux voix se répondent, comme s’entrelacent les destins: celle de Laborde qui dédia toute sa vie à Madagascar, et celle d’une jeune Malgache, Voahangy, qui suivra le Français à son retour d’exil et vivra avec lui.Alors que Madagascar devient aujourd’hui une destination prisée, ce roman nous propose une immersion exceptionnelle dans la culture de l’île, et une «rencontre» avec des lieux et des êtres envoûtants. Nous sommes loin du roman historique, et plutôt dans une approche romanesque et poétique de Madagascar. Laurence Ink a appris le malgache et réside dans le pays depuis trois ans. Elle a traversé à pied la grande île, rencontré les différent peuples qui y vivent, et s’est inscrite aussi dans la vie intellectuelle malgache.
Laurence Ink
Née en 1960, Laurence Ink a vécu plus de quinze ans dans le Grand Nord canadien. Après avoir publié avec succès un témoignage de cette expérience, Il suffit d'y croire, elle a écrit un premier roman qui se situait dans cette région: La Terre de Caïn, en 1993. Elle publiera en janvier 2002 aux éditions Claire Paulhan: Jean Paulhan et Madagascar, édition critique de ses correspondances. Elle a bénéficié d'une bourse de littérature Mission Stendhal pour Chants de corail et d'argent.