Don Quichotte
Quatre siècles ont passé, et les aventures de don Quichotte nous saisissent comme au premier jour. Quatre siècles d’admiration par les plus vastes comme par les plus humbles esprits, par les savants comme par les enfants. Quatre siècles d’adaptations richement illustrées, ou bien portées à la scène, à l’écran, mises en musique ou en bande dessinée… Quatre siècles de traductions dans presque toutes les langues : rien qu’en français, on en compte une douzaine, soit une par génération en moyenne. Quatre siècles de commentaires dont la liste – si tant est qu’il soit jamais possible de l’établir – donne le vertige ; pas un champ d’analyse qui n’ait été requis : littéraire, esthétique, philosophique, moral, théologique, médical, psychanalytique, esthétique, linguistique, sociologique, historique et sans doute archéologique… Quatre siècles d’influence plus ou moins secrète, plus ou moins assumée, sur nos entreprises utopiques, fantasques ou tout simplement folles ; en témoigne la substantivation que son patronyme a connue presque dès sa parution avec ses variantes passées dans le langage courant : donquichottisme, donquichottesque… Francis de Miomandre (1880-1959) est le seul véritable écrivain qui, à ce jour, ait traduit intégralement Don Quichotte. Comme les traductions de Goethe par Nerval ou de Poe par Baudelaire, sa traduction constitue elle aussi un chef-d’oeuvre. Elle a une valeur éprenne, en ce qu’elle résiste et résistera toujours aux dernières modes langagières, aux dernières avancées linguistiques, historiques ou sociologiques, et surtout en ce qu’elles font accéder à un bonheur de lecture dont on ne se lassera jamais…