Emma Jordan
Après avoir revisité à sa manière «Le Lys dans la vallée» de Balzac, Thomas A. Ravier s’attaque au chef-d’oeuvre de Flaubert, «Madame Bovary», en regardant pour le style du côté de chez Proust… Si le bovarysme est bien cette capacité qu’ont les êtres à s’évader dans l’imaginaire quand leur existence s’enlise dans l’ennui et la frustration, il est clair que cette tentation peut frapper une jeune érémiste qui survit péniblement dans une HLM du côté de la porte d’Italie. Il existe un esprit Seine-et-Marne comme il existait autrefois un esprit Guermantes.
Avec son portable, ses saintes marques (Reebok, Nike…) et le sachet d’herbe caché dans son soutien-gorge, Emma Jordan en est l’incarnation. Il faut voir comme elle prépare le «teuschi», comme elle choisit ses «peussas», comme elle porte sa capuche ainsi qu’elle prendrait le voile, un voile de ville. Avec l’humour de Proust et une fascination pour ses personnages comparable à celle que vouait le maître pour le milieu aristocratique, Thomas Ravier s’amuse à dynamiter les discours officiels et réinvente pour notre plus grand bonheur le monde de la banlieue d’aujourd’hui.
Thomas Ravier
Thomas A. Ravier a trente et un ans. Autodidacte, il s'est très tôt pris de passion pour les plus grands écrivains, Balzac, Flaubert, « C-line », « Steprou », sans jamais renier le rap, qui le premier l'initia à l'amour des mots et aux vertiges de la langue. Emma Jordan est son troisième roman.