Jeanne d’Arc
Après tant d’écrits historiques et littéraires sur Jeanne d’Arc, dans toutes les langues (car sa célébrité est internationale), l’état des sources, riches et complexes, et la curiosité des lecteurs appelaient une mise au point documentée et argumentée. Le « cas Jeanne d’Arc » exige en effet une approche multiple : impossible à son sujet de se contenter de réponses toutes faites ou réductrices. Pour nous permettre de mieux appréhender cette figure si singulière, cet ouvrage restitue l’environnement matériel et mental d’où elle a surgi — un tissu serré dont la trame est faite de malheurs et d’espérance.
Ce livre s’attache de la même façon à examiner le « mystère de la vocation » et à relater le bref temps de la gloire, d’Orléans à Reims, suivi par les échecs, l’incompréhension, la prison, le procès et la mort par le feu. À l’évidence l’intervention, décisive, de Jeanne d’Arc bouleversa les calculs et les projets politiques de ses contemporains : il était logique qu’en un siècle où l’on croyait universellement à l’intervention de Dieu dans l’histoire des royaumes et des peuples, le débat politique s’appuie ou débouche sur un débat théologique. Tel est le fondement des procès de Jeanne d’Arc, illustrés par deux documents majeurs qui ont été conservés : celui relatif à la condamnation (1431), le plus émouvant, et celui concernant l’annulation de cette condamnation (1455-1456), le plus surprenant.
Extraordinairement contrasté, le destin de Jeanne d’Arc fut aussitôt compris comme étant lié à l’histoire « providentielle » du royaume de France et de ses « Rois Très Chrétiens ». D’où l’attention que « la Pucelle » ne cessa de susciter —, une attention faite d’admiration mais aussi, de façon minoritaire, de scepticisme et de raillerie.