Johnny – NE
Écrivain et journaliste, Daniel Rondeau connaît Johnny Hallyday depuis trente ans. Il ouvre pour nous ses carnets de souvenirs et fait le portrait de cet homme qui incarne quelques mythologies de notre temps. En le présentant sous un jour nouveau, il analyse pourquoi et comment, tous âges et tous milieux confondus, la France entière a aimé, aime ou aimera Jean-Philippe Smet, dit Johnny Hallyday. Cet enfant de la balle gagna son premier cachet à treize ans, devint un phénomène de la scène et du disque quand il n’avait pas dix-huit ans. Depuis, il tient. Les événements, les modes, les succès, les échecs, les saisons glissent sur lui sans pouvoir lui arracher sa renommée. Pour parler de son existence, Johnny use d’un néologisme tiré de l’anglais to destroy (détruire). Il dit donc « ma vie de destroyance » pour évoquer, sans en parler précisément, des accidents de voiture, une tentative de suicide, l’alcool et le ronde des nuits où il a façonné son image d’icône. Cette icône en noir et blanc – le jeune homme et la mort – symbolisait une génération d’enfants gâtés, nés après la guerre, et qui avaient allumé un grand feu élégiaque pour nourrir leurs rêves de conquêtes et de liberté. Aujourd’hui repu d’expériences, n’attendant plus rien, ni espérance ni désenchantement, Johnny Hallyday a continué son vol d’ange déchu qui regarde la terre par les hublots sales de la gloire ; et c’est ainsi qu’il est devenu l’un des personnages les plus familiers de la vie des Français.
Daniel Rondeau
Daniel Rondeau est journaliste et écrivain. Il a reçu le prix Paul-Morand de l'Académie française en 1998 pour l'ensemble de son oeuvre.