L’Avenir de l’intelligence et autres textes
Rééditer Maurras ? À l’heure où paraît ce volume, la question fera probablement débat. Au nom de quels principes des livres déjà existants devraient-ils se voir interdits de nouvelle publication ? Ce serait abdiquer face à des diktats incompatibles à nos yeux avec cette liberté d’expression dont notre pays reste l’un des meilleurs symboles. Pour autant, faut-il livrer tels quels des textes d’auteurs réprouvés à juste titre pour certains de leurs engagements ? L’un des intérêts de les exhumer est précisément de pouvoir apporter aux lecteurs, en s’appuyant sur le travail des meilleurs historiens, tous les moyens de les apprécier en connaissance de cause.
Charles Maurras fut au XXe siècle une figure centrale de notre histoire nationale. Après l’avoir influencée de son vivant, ses écrits ont continué d’irriguer, de manière plus souterraine, la vie politique de notre pays, en inspirant aussi bien l’esprit monarchique de nos institutions que les choix géopolitiques de notre diplomatie.
Maurras fut aussi l’un des écrivains les plus admirés de sa génération : Proust, Apollinaire ou Malraux ont salué en lui un esthète exigeant et un poète métaphysique dont l’oeuvre puise aux sources gréco-latines, toscanes et provençales.
Ce sont tous ces aspects du kaléidoscope Maurras, des polémiques les plus ignobles aux méditations les plus élevées, qui sont présentés dans ce volume. Il rassemble la plupart des grands textes politiques de Maurras, un choix de ses articles de L’Action française, des poèmes érotiques inédits, ainsi que des extraits de son procès de 1945. Le tout accompagné d’un appareil critique non seulement nécessaire, mais surtout parfaitement éclairant.
Jean-Luc Barré
Charles Maurras
Charles Maurras (1868-1952), est un journaliste, essayiste, homme politique et poète français, théoricien du nationalisme intégral.
Son talent littéraire donne à ses ouvrages théoriques une grande influence dans les milieux cultivés et conservateurs de France, et ses qualités de polémiste lui assurent une réelle audience dans d'autres, comme l'Académie française à laquelle il est élu le 9 juin 1938. Avec plus de dix mille articles publiés entre 1886 et 1952, il fut le journaliste politique et littéraire le plus prolifique de son siècle.