L’Aventure des mots de la ville
Brigitte Marin, Christian Topalov, Jean-Charles Depaule, Laurent Coudroy de LilleL’Aventure des mots de la ville
L’Aventure est constitué de quelque 260 articles écrits par 160 auteurs, qui étudient les mots de la ville dans sept langues européennes – l’allemand, l’anglais, l’espagnol, le français, l’italien, le portugais, le russe – et en arabe, langue d’un monde dont les interactions avec l’Europe ont toujours été intenses. Des variantes américaines de ces lexiques sont aussi étudiées (États-Unis, Québec, Brésil, Amérique hispanophone).
Les mots voyagent dans le temps en changeant de sens sans changer d’aspect, et ces changements font partie de l’histoire sociale des villes, qu’ils permettent d’observer de façon originale. Les mots voyagent aussi dans l’espace, parfois d’une langue à l’autre, ils font des allers et des retours. Les recherches érudites qui permettent de reconstituer ces histoires sont pleines de découvertes surprenantes, parfois désopilantes : ceux qui utilisent les mots, et ainsi les recréent sans cesse, se jouent des héritages, des concepts, des étymologies. N’attendez pas ici des définitions figées, encore moins une étude des jargons de spécialistes : ce qui intéresse les auteurs de ce livre, c’est la façon dont sont effectivement utilisés les mots de tous les jours. Ceux qui permettent aux gens – de Rio ou de Tunis, de Londres ou de Naples, de Paris ou de Marseille – de parler dans leur ville et de leur ville, pour la dire, mais aussi pour la changer.
Vous y découvrirez comment le mot place ou Platz est apparu bien après les espaces nommés de cette façon aujourd’hui dans les villes françaises ou allemandes et comment le plaza de l’espagnol en est venu à désigner aux États-Unis un espace couvert au pied d’un gratte-ciel ou une zone de péage sur un autoroute. Vous comprendrez pourquoi Balzac évoque un immeuble parisien qui était composé d’une maison et d’un jardin et comment il se fait qu’en Angleterre on appelle square des espaces découverts qui sont ronds. Vous observerez les voyages du mot arabe funduq vers l’italien fondaco, ou de r’bat vers l’espagnol arrabal et le portugais arabalde. Vous verrez comment le mot quartier se trouve aujourd’hui utilisé dans les expressions « les quartiers ont envahi le centre » ou « les quartiers se sont enflammés la nuit dernière ». Ces étrangetés méritent attention, car elles ont chaque fois une signification : au fil de l’histoire et des situations, les gens s’emparent des mots pour leur donner un sens que n’ont pas toujours prévu ou prescrit les auteurs de dictionnaires. Plus tard, beaucoup plus tard en général, ceux-ci finissent par enregistrer les nouveaux usages. Mais, déjà, les mots ont poursuivi leur chemin…