L’oeuvre vive
Que vient faire cet Américain dans ce village d’une Creuse échouée sur les rives du présent ? Cet étranger arpente le pays et parsème les lieux de trucs à sa manière : quatre femmes de lierre et de feuilles faisant l’amour aux arbres dans les bois, une croix lumineuse sur l’étang, une ligne droite dans les champs…
Ben Forester, qui s’appelait autrefois Benjamin Forestier et vivait au pays, est venu redessiner à sa manière le paysage de son enfance. Son projet artistique va bouleverser la vie des villageois…
En s’appropriant leur espace, en détruisant l’immobilité de leur existence, Ben oblige les habitants à se remettre en question. Mais tous ne sont pas prêts à accepter l’éphémère, à se décomposer pour se recréer, à se dépouiller pour s’enrichir. Il suffit pourtant d’un rien pour que tout bascule. Bouleversée par ces étranges constructions, Elma apprend à revenir à la vie après la mort de son enfant. Estelle, la jeune institutrice, défie les bonnes moeurs pour plonger dans l’amour. Barthélemy, lui, choisit le passé contre le présent, jusqu’à la mort.
Cette uvre vive impose avec maestria les délicatesses d’un écrivain aimanté par la terre de ses ancêtres et les exigences inventives du roman contemporain. On en sort ébloui et intrigué.
Jean-Guy Soumy
Après Le Congrès, Le Silence (prix des lecteurs du Télégramme), La Promesse, Le soldat fantôme est le dix-septième roman de Jean-Guy Soumy, dont toute l’œuvre romanesque est publiée chez Robert Laffont.