La Chasse au Snark
La Chasse au Snark
Depuis sa parution en avril 1876, La Chasse au Snark n’a cessé de fasciner petits et grands. À ceux qui y voyaient une allégorie de la quête du bonheur ou de la célébrité, Lewis Carroll répondait : « J’ai bien peur de n’avoir voulu dire que des inepties ! » Les huit « crises » qui composent ce récit en 141 quatrains racontent les aventures d’un équipage de quelques hurluberlus (dont L’Homme à la cloche, un avocat, un banquier, un marchant de bonnets, un agent de change, un castor et Machinchouette) partis en mer à la recherche d’une créature chimérique : le Snark, mot-valise contractant les mots anglais de shark (requin) et de snail (escargot). Débarqués dans l’île du Jabberwock pour capturer la bête, ils la « traqueront avec des gobelets », la « poursuivront avec des fourches et de l’espoir », la « menaceront avec une action de chemin de fer », et la « charmeront avec des sourires et du savon ». L’Avocat rêvera une parodie de procès, le Banquier mourra croqué par un Bandersnatch, et Machinchouette s’évanouira au moment de découvrir que le Snark qu’il avait fièrement dépisté se trouvait être un Boojum. Espèce autrement dangereuse, « voyez-vous ».
Au cours de cette épopée, le lecteur est engagé dans quantités de jeux de mots et de sonorités, dont la traduction d’Aragon, extrêmement ludique et accessible, offre de miraculeuses équivalences. Sans doute parce qu’il voyait une « nécessité à traduire même le non-sens »… Ce texte est aujourd’hui brillamment mis en images, à la manière d’un roman graphique surréaliste, par le dessinateur canadien Mahendra Singh.