Élevée en Grande-Bretagne, Saira Shah a été bercée de contes sur le pays splendide dont est originaire sa famille. Un pays de jardins et d’orchidées, où l’eau elle-même a des vertus extraordinaires. Ce pays était l’Afghanistan, le conteur était son père, l’écrivain soufi Idries Shah.Puis vient le temps de la confrontation. À l’âge de dix-sept ans, Saira part au Pakistan, où sa famille vit en exil tandis que se déroule la guerre entre l’Afghanistan et l’URSS. À vingt et un ans, devenue journaliste, elle traverse la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan avec un groupe de moudjahidin. Elle découvre alors les traditions de violence de son peuple, son archaïsme, son mépris pour les femmes. Mais aussi son charme, son humour et son détachement. Reporter spécialiste de la région, Saira, de voyage en voyage, confronte ses rêves d’enfant à la réalité. Elle comprend alors qu’elle ne peut être fidèle aux merveilleuses légendes de son enfance qu’en donnant la parole à ce peuple qu’elle veut connaître. Elle réalise ainsi pour la télévision britannique un documentaire qui lui a valu une reconnaissance internationale: «Derrière le voile». Dissimulée sous la burqa imposée par les talibans aux Afghanes, elle filme la vie quotidienne à Kaboul, notamment celle des femmes qui, au mépris du danger, défendent une certaine idée de la liberté. «La Fille du conteur» est un récit à plusieurs voix: s’y mêlent les contes des grands écrivains afghans, les récits de son grand-père, ses souvenirs d’enfance, des témoignages de femmes et d’enfants contraints à l’exil par les multiples guerres, ses aventures de reporter… Par petites touches, Saira Shah dresse ainsi un tableau varié d’un pays qui, pour avoir fait la Une de l’actualité, ne nous demeure pas moins inconnu. Elle livre également le portrait d’un héroïne des temps modernes qui, discrètement, tente de témoigner pour une culture imparfaite, agaçante, parfois médiocre, mais qui constitue l’une des composantes de l’humanité.