La petite école dans la montagne
Un matin d’octobre de l’année 1908, Victor Chambost, jeune instituteur, arrive à la gare de Saint-Just-le-Roche, petit village du mont Pilat, dans la Loire. L’automne est splendide et c’est la rentrée scolaire. Pour Victor, c’est un jour d’espérances – d’espérances inquiètes. Il est en train de perdre la foi en son métier, et ses rêves d’installation dans les colonies reviennent le hanter, amers. Pourvu que cette rentrée puisse être un nouveau départ!À Saint-Just, ses attentes sont comblées: un village charmant; un maire chaleureux et fier de son école – il vient de faire rénover celle des garçons –; une institutrice paraît-il très compétente en laquelle Victor trouvera, sans aucun doute, une agréable interlocutrice. Et surtout, parmi les joyeux petits montagnards qu’il enseigne, un phénomène comme tout instituteur rêve d’en rencontrer: Colinet, un jeune berger orphelin dévorant jour et nuit romans, manuels d’arithmétique, d’histoire, doué d’une mémoire extraordinaire et enthousiaste comme une classe entière, qui veut absolument passer le certificat d’études. Le maître et l’élève se lancent dans l’aventure avec passion. L’ardeur et l’ingénuité de Colinet enflamment la classe. Victor est heureux. Le village est sûr de leur réussite.Mais, au fond d’une ruelle, dans l’autre école, plus petite, où la farouche et moqueuse Émilie enseigne aux filles de Saint-Just, on déclare la guerre au certif. La gloire, c’est toujours pour les hommes! Ainsi, quand Victor, timide comme un célibataire endurci, se décide enfin à rendre visite à l’institutrice, une cruelle déconvenue l’attend: la belle le nargue et refuse avec une ironie narquoise ses propositions de lecture ou de collaboration. Victor, plus affecté qu’il ne veut bien le reconnaître, essaie d’oublier sa tristesse dans le travail.Mais à l’approche des beaux jours, son beau projet s’écroule. L’oncle de Colinet retire l’enfant de l’école. Afin d’en faire un apprenti meunier. Pour Colinet, la déception est insupportable: il s’enfuit sans donner de nouvelles. Privé de sa plus belle motivation, rongé par l’inquiétude, Victor plonge dans la dépression. Émilie vient alors à son aide…
Michel Jeury
Michel Jeury est né en janvier 1934 en Dordogne dans une famille paysanne. En 1973, Le temps incertain (Robert Laffont, « Ailleurs et Demain ») inaugure sa carrière d'écrivain de science-fiction, qui lui vaudra la reconnaissance de ses lecteurs et de nombreux prix. En 1988, Le Vrai Goût de la vie marque le début d'une série de romans au service des « petites gens », couronnés de multiples succès et tous fidèlement publiés par les Éditions Robert Laffont. Avec May le monde, publié en 2010 (Robert Laffont, collection « Ailleurs & Demain »), Jeury a renoué avec la science-fiction.