«Relegatus», analphabète, un peu «demeuré» mais profondément croyant, Bilal a été chassé par un père dont il a vu la nudité. Errant, il traverse le désert, remonte depuis le nord de l’Algérie vers les villages et les villes. On est en 1961, c’est la guerre et c’est ce qu’il rencontre d’abord. Enrôlé de force par le FLN, fait prisonnier, échappant à la torture puis embauché à des tâches subalternes par l’armée française à la veille de l’Indépendance, il traverse les épreuves. On le retrouve à Paris dix ans plus tard, clochard voué à l’errance et à la précarité, survivant furtivement de la charité publique et privée. Lui-même est à la recherche d’une ombre, celle de l’âme d’un soldat français qu’il a tué là-bas et dont l’absence de sépulture n’a pas permis la délivrance. Le voici enfin, dix ans plus tard encore, arrivé au terme de son errance et de sa quête, à Cayeux-sur-Mer dans la Somme, face à cet océan que cette fois il ne pourra franchir. Ignoré de tous, il vivra la Fin du Monde annoncée et la réalisation de sa promesse.À la recherche de l’absolu, Bilal est une sorte d’idiot céleste, sublime et dérisoire. Il est le héros singulier de ce roman malicieux en forme de fable mystique et onirique.