Le Bomeur
Bomeur ? Bobo-chômeur, une espèce de plus en plus répandue en ces temps de crise.
Nathanaël a la vie rêvée : créatif dans une agence de communication, a un très bon salaire, travaille avec des amis, vient en short au bureau, les yeux encore gonflés des excès de la veille. Quand sa boîte ferme brutalement, il tombe de très haut. Et décide d’assumer son nouveau statut : il est bomeur, « un mec qui avait un boulot cool et qui, une fois au chômage, essaie de rester cool ».
Son quotidien ? Lever à 11 heures après trois alarmes iPhone, déjeuner avec un ami qui bosse, café pour discuter d’un plan avec un pote graphiste, petite sieste, tour aux ventes privées Nike et déjà, il est 17 heures, l’heure de l’apéro, histoire de faire monter la pression avant d’aller mixer au Nuba.
Il assure à ses proches qu’il s’apprête à se lancer en freelance sur des projets «ultra-confidentiels-tu-comprends-je-ne-peux-pas-en-parler». La vérité ? Une addiction à Facebook, au Ricard, au rafraîchissement de sa boîte mail et aux textos « Tu fais quoi? »
Car en réalité , sa vie est moins rose qu’il le montre. Auprès des filles, se déclarer chômeur, c’est moins efficace que “directeur de créa”. Ses parents s’inquiètent, ses amis construisent leur vie, et Monsieur Pôle Emploi parle une langue étrangère… Pas facile d’être un bomeur heureux.
Nathanaël Rouas
Directeur de création dans une agence de communication, Nathanaël Rouas se retrouve au chômage en 2011 à la suite d’une liquidation judiciaire. Grâce à quelques mois de cafés pris en terrasse à 15 heures en semaine et à une déformation professionnelle qui le pousse à analyser la population qui l’entoure, il identifie une nouvelle tribu, la sienne : les bomeurs.