Le Cycle de Vautrin
Ce cycle illustre on ne peut mieux la « comédie humaine » balzacienne, aux confins de la noirceur des âmes et à travers les vertiges de l’ambition et les faux-semblants de la réussite. Un personnage parcourt et domine ces trois romans, aux côtés du père Goriot, de Rastignac et de Rubempré dont il est en quelque sorte inséparable : Vautrin.
La figure diabolique de cet ancien forçat évadé du bagne de Toulon aurait été inspirée à Balzac par Vidocq. De son vrai nom Jacques Collin, il change sans cesse d’identité et agit sous divers surnoms : Trompe-la-Mort, M. de Saint-Estève, Carlos Herrera puis William Baker. Il en impose par son autorité naturelle, alliée à un grand savoir-faire dans la manipulation des êtres, et se fait une spécialité d’aider les jeunes gens qui ont de l’ambition, de les soutenir dans leur ascension, à condition qu’ils lui soient eux-mêmes dévoués à la vie à la mort.
À travers ce personnage de protecteur ambigu, Balzac est un des premiers romanciers du XIXe siècle à évoquer l’homosexualité masculine. Vautrin n’est pas le personnage principal de ce triptyque, mais il est à la fois celui qui sert de révélateur aux autres et celui qui donne à cet ensemble sa plus profonde cohérence.