Le fer dans la plaie
Depuis toujours Jean Carrière rêvait de donner à sa passion pour la musique la liberté de s’épanouir dans un livre. C’est ainsi que, dans ce roman, la musique de son verbe répond à la magie de l’oeuvre de Debussy, Pelléas et Mélisande. Trois personnages en quête d’amour, une femme et deux hommes, vont voir leur vie bouleversée par leur rencontre avec cet opéra, qui les vampirise et peu à peu les entraîne vers un destin tragique… » La fosse d’orchestre commençait à se remplir de musiciens. Quand ils accordèrent leurs instruments, je me sentis emporté par toutes ces sonorités qui me soulevèrent le coeur de tendresse. Enfin le chef d’orchestre apparut sur l’estrade de son pupitre et, se courbant pour saluer les auditeurs, il souleva une tempête d’applaudissements et de cris : il devait avoir un public qui se serait fait tuer pour lui. Quelques minutes plus tard, il leva sa baguette dans un silence religieux : on eût dit que nous allions assister à la messe. Quelle messe ! Ce ne fut pas une musique ordinaire qui emplit l’opéra, mais une rumeur à la fois légère et profonde, une rumeur qui m’empoigna le coeur, et que je reconnus tout de suite : Pelléas et Mélisande, le chef d’oeuvre de Debussy. «
Jean Carrière
Jean Carrière est né à Nîmes en 1932, d'un père chef d'orchestre et d'une mère pianiste. Son premier roman, Retour à Uzès, paraît en 1966 et est couronné par le prix de l'Académie française. Il reçoit le prix Goncourt en 1972 pour L'Épervier de Maheux. Il a publié tous ses derniers romans aux éditions Robert Laffont : L'Indifférence des étoiles, Achigan, L'Empire des songes, Un jardin pour l'Éternel, Le Fer dans la plaie, Feuille d'or sur un torrent.