Le Moyen-Age – NE
Le Moyen Âge s’inscrit entre deux espaces symboliques : celui de la forêt primitive et celui de la cathédrale. Dans le parcours qui va de l’une à l’autre, Michelet reconnaît le chemin qui mène de la naissance à l’accomplissement, de la vie de nature à la cité engendrant la culture. Au-delà de la cité médiévale commence l’agonie d’une civilisation ; sur ses ruines s’édifieront l’État moderne et la nouvelle structure du corps social. Devançant les perspectives de Freud sur les maladies de la civilisation, Michelet décrit la longue aventure médiévale comme une suite de périls auxquels l’âme est exposée, cette âme collective dont on mesure mieux la véritable dimension depuis que l’on a reconnu combien de peuples ont perdu la leur au hasard des conquêtes, des colonisations ou des assimilations abusives… En assumant cette histoire, Michelet la fonde à nouveau et c’est de l’histoire ainsi fondée que naîtra l’écrivain. La plongée dans les débuts de la France est pour Michelet un moyen de se délivrer de tout ce qui pèse sur lui, de tout ce qui l’empêche d’accéder à sa source authentique : son éducation, les préjugés de son temps et ceux de sa classe, et surtout l’immense confusion des idées et des espérances qui se mêlent dans la France d’après la Révolution. Dès l’origine du projet, le mot qui sous-tend toute l’entreprise de Michelet est là, « résurrection ». Car l’histoire est sans cesse à réinventer, elle dont le propos est de faire des hommes « des maîtres des pierres vives ».