Les Créateurs
« Après Les Découvreurs, qui retraçaient la quête de l’homme avide de connaître le monde et de se connaître lui-même, j’étais plus que jamais convaincu que la poursuite du savoir n’était qu’une des voies menant à l’épanouissement, écrit l’auteur dans la présentation de son livre. Les Créateurs, qui fait pendant à ce premier ouvrage, est la saga des héros de l’imagination. »
Dans ce volume passionnant, conçu comme une authentique épopée, l’auteur raconte plus de trois mille ans de création artistique à travers ses évolutions, ses figures majeures et chacun des genres – sculpture, architecture, musique, théâtre, danse, littérature, cinéma – dans lesquels le génie humain s’est illustré. Des pyramides aux gratte-ciel de Chicago, des bâtisseurs de cathédrales aux peintres de la lumière, Daniel Boorstin s’intéresse à toutes les disciplines de l’art. Il souligne la dimension à la fois singulière et universelle des grandes oeuvres qui, tout en préservant une grande part de leur mystère, se sont inscrites durablement dans l’histoire des hommes et continuent de hanter leur imaginaire. Il montre ce qu’il y a de démoniaque ou de divin, selon les cas et parfois de manière conjointe, dans l’acte de créer, en s’appuyant sur des portraits extrêmement fouillés aussi bien de Michel-Ange, Dante, Cervantès ou de Mozart que de Shakespeare, Victor Hugo, Marcel Proust, Kafka ou Picasso et explore la genèse de leurs oeuvres respectives en montrant comment celles-ci se nourrissent les unes des autres et reflètent l’esprit de leur temps, le mouvement des idées, des croyances et des aspirations humaines.
Dans un prologue intitulé « L’énigme de la création », Boorstin explique comment les hommes ont pris conscience de leur pouvoir créateur et en quoi leur démarche est souvent indissociable d’une quête spirituelle gravitant elle-même autour de l’énigme d’un Dieu créateur. Des vallées de l’Indus et du Nil jusqu’aux côtes bretonnes et aux jungles du Yucatán, partout, écrit-il, « la race humaine témoigne de l’effort qu’elle a fait pour se survivre et créer quelque chose qui durerait éternellement ». Cet effort, qu’il s’inscrive dans la pierre, les images, le verbe ou la musique, est resté le même à travers les âges quelles que soient ses formes d’expression. Mais au besoin de transcender la précarité de la destinée humaine, puis à celui de recréer le monde et de le raconter qui a donné naissance à la littérature moderne, romanesque, poétique ou théâtrale, a succédé, de Montaigne à Joyce, à travers la biographie, l’autobiographie et aujourd’hui l’autofiction, le désir de « création de soi » qui a fait de chaque individu un sujet en puissance, en puisant dans sa propre aventure personnelle. Une autre manière, conclut l’auteur, de retracer « l’histoire tout entière de la race humaine ».
Daniel Boorstin
Daniel J. Boorstin (1914-2004), diplômé en droit des universités de Harvard, Oxford et de Yale, a été bibliothécaire de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis de 1975 à 1987. Il a enseigné à Harvard, Chicago, Rome, Kyoto, Cambridge et à la Sorbonne. Ses ouvrages ont reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Pulitzer. Sont également disponibles dans la collection « Bouquins » deux de ses plus brillants essais : Les Découvreurs et Histoire des Américains.