Loin du centre
Se réveiller un matin dans un lit inconnu avec, à vos côtés, la plus belle fille du lycée suffit à rendre cette nuit mémorable. Quand en plus vous découvrez que cette ravissante Sacha ne respire plus, cette nuit devient inoubliable, la cicatrice de votre jeunesse.
C’est ce qui arrive au narrateur de ce roman qui nous embarque en Chappy et mini dans le Paris de la jeunesse dorée des années 80. Époque boîte à bac et boîtes de nuit. Sur fond d’attentats qui secouent régulièrement la capitale, une petite bande de privilégiés oisifs découvre les premiers frissons de la nuit. Il y a Édouard, le rentier vieille France, Benjy, le « feuj »show-off, Chahine, le Libanais en exil, Cassandre, la bourge meilleure amie de Sacha. Et le narrateur, moins riche, moins introduit que cette petite bande car ses parents à lui habitent en banlieue, qui observe ce monde avec autant d’envie que de minutie. Avec son jean 501 usé, ses Converses montantes et ses chemises trop larges ¬– l’uniforme de l’époque – il ne va pas tarder à atteindre ce « centre » qui l’attire tant : le Palace, les Bains Douches, le Bus Palladium.
Que va-t-il découvrir au coeur de ce centre ? Comment s’est-il retrouvé, de retour de soirée, dans le lit de Sacha, cette fille qu’il connaissait à peine parce qu’il n’osait pas lui parler ? Quel crédit accorder à ces rumeurs qui font de la mère de Sacha une demi-mondaine sachant monnayer ses charmes ? Et que penser de celles qui courent sur son père, homme d’affaires mystérieux aux fréquentations douteuses ?
Le roman est le long monologue du narrateur, devenu DJ, adressé à une mystérieuse jeune fille rencontrée en boîte. Il lui raconte comment, depuis ce drame, sa jeunesse s’est transformée en longue glissade dans la nuit, à la recherche de la vérité sur la disparition de Sacha, ou des moyens d’effacer son souvenir.
Jacques Braunstein
Jacques Braunstein a été rédacteur en chef de Technikart, chef de la rubrique culture de Elle, chroniqueur à « Rive droite, Rive gauche » sur Paris Première. Il est aujourd'hui journaliste à GQ, responsable des pages « salon », chroniqueur sur France Inter dans « On refait le monde » de Pascale Clark.
Il a cosigné deux romans graphiques, Les Week-ends du père célibataire et Famille, recompose-toi ! (Hachette littératures), succès critiques traduits à l'étranger.