Ma tribu plus que française
Quand il a été baptisé en 1941, à l’âge de neuf ans, Philippe Alexandre n’avait jamais entendu parler de Dieu. Et encore moins des chrétiens et des juifs. Il ignorait aussi qu’avec trois grands-parents « israélites », comme on disait alors, il était promis à un voyage vers la mort. Trois quarts de siècle plus tard, il a voulu savoir d’où et de qui il venait puisque personne n’a jamais cru bon de l’éclairer.
Tout est parti d’un village près de Francfort et d’un marchand de chevaux juif et allemand. Au lendemain de la Révolution, cet aïeul a été pris d’un amour absolu, inconditionnel, pour la France, seul pays d’Europe qui avait donné à ceux de son peuple le privilège d’être des citoyens de plein droit, bénéfi ciant de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité. Il a légué à toute sa lignée cette superbe passion française qui perdure depuis deux siècles, à travers tant d’événements cruels ou éblouissants. Pour prix de cette glorieuse identité, il a fallu renoncer à une religion, des souvenirs, des traditions, une langue, une histoire.
Au fil des générations, personne, dans cette famille, n’a refusé ces sacrifices, nul n’a voulu revenir en arrière. Tous ont adopté une loi appelée tour à tour « intégration » ou « assimilation ». Ils ont voulu, chacun avec ses talents, être des Français exemplaires. Rien que français, plus que français.
Philippe Alexandre rend ici à la mémoire des siens un hommage aussi émouvant qu’éclairant.
Philippe Alexandre
Philippe Alexandre est journaliste et écrivain. Il a travaillé dans la presse écrite et à RTL pendant plus de vingt-cinq ans ; il a publié des essais politiques, soit seul, soit avec Béatrix de l'Aulnoit. Pour mon fils, pour mon roi est leur troisième biographie écrite à quatre mains.