Néfertiti dans un champ de cannes à sucre
Comme le dit Titus, le héros de ce roman : « Pourquoi, après avoir croisé tant de filles aux attitudes si différentes, approché tant de filles aux comportements si variés, pourquoi, lorsque je me suis assis au Saxo Bar, un dimanche à la fin du mois de juin et que j’ai vu celle-ci qui lisait un roman de Bukowski devant un café, un verre d’eau et son paquet de Gitanes Filtre, serrée dans un anorak bleu marine et rouge aux manches trop courtes, un petit chapeau de maçon enfoncé sur la tête, lorsque j’ai aperçu cette fille bizarre à l’air si réservé, si lointain, pourquoi suis-je tombé assis sur une banquette, la bouche ouverte ? Il n’y a pas de raison à cela.
Ils s’aiment.
Ils s’aiment avec violence, plaisir, ivresse.
Le monde leur appartient mais le monde se restreint assez vite aux limites de leur espace intime.
Titus se laisse engluer dans ce tête-à-tête qui ressemble à une séquestration. Il doute. Il déraille. Son corps se détraque et son esprit se dérègle. Ses objets familiers disparaissent. Des lapins surgissent de toute part.
Si l’amour fou est invivable, la vie raisonnable a-t-elle le moindre intérêt ?
Philippe Jaenada s’était promis en se jetant dans l’écriture de ce roman d’aller jusqu’au bout de l’impudeur. Pari gagné !
Philippe Jaenada
Philippe Jaenada est né en 1964. Il a publié chez Julliard Le Chameau sauvage (Prix de Flore 1997 et prix Alexandre-Vialatte), adapté au cinéma par Luc Pagès sous le titre A+ Pollux ; Néfertiti dans un champ de canne à sucre (1999) ; La Grande à bouche molle (2001) ; chez Grasset, Le Cosmonaute (2002), Vie et mort de la jeune fille blonde (2004), Plage de Manaccora, 16 h 30 (2009), et La femme et l'ours (2011). Sulak est son huitième roman.
Son site Internet : www.jaenada.com