Otage en Tchétchénie
Depuis 1989, Brice Fleutiaux, journaliste de 32 ans, couvre tous les points chauds de la planète. Avide de rencontres et de connaissances, il apprend la langue des pays qu’il visite et se passionne pour leur culture et leur passé. Farouchement indépendant et d’une grande humanité, il affectionne les «petits» sujets, ceux qui le rapprochent du quotidien des gens.Le 28 septembre 1999, Brice Fleutiaux se rend en Tchétchénie pour témoigner de la souffrance d’un peuple en détresse. Il décide de braver les dangers d’une région où les rares journalistes qui s’y aventurent bénéficient soit du soutien logistique et financier d’un grand média, soit de fortes complicités sur le terrain.Tout se passe très vite: à peine arrivé à Grozny, il tente de rentrer en contact avec l’entourage du président tchétchène, mais il tombe sur un chef de guerre qui évalue rapidement la valeur de sa prise. Dépouillé de ses maigres effets, il est désormais l’esclave d’une de ces bandes armées tchétchènes qui pratiquent sans états d’âme guérilla antirusse et grand banditisme. Sa vie et celle de ses proches basculent dans un calvaire long de huit mois.Il est transporté d’un lieu de captivité à l’autre, passant de groupe en groupe, tantôt en ville tantôt à la montagne. Au cours de ses mois de détention, sa condition d’otage s’est sensiblement améliorée: «Je suis passé du statut de larbin, préposé au bois à couper ou à la corvée de patates, à celui du compagnon d’infortune. Il y a eu des affinités, peut-être même certaines amitiés», confie-t-il. Durant sa détention, Brice ignore tout de la campagne en faveur de sa libération qui a mobilisé l’ensemble de sa famille ainsi que de nombreux journalistes et défenseurs des droits de l’homme. On découvre dans ce livre, parallèlement au témoignage de Brice, les différentes étapes de la campagne menée à Paris et à Toulouse avec son lot d’incertitudes, de rumeurs, de fausses informations, d’intermédiaires louches et de rencontres formidables. On lit la détresse mais aussi l’incroyable force des proches de Brice et la conviction des membres de Reporters sans frontières pour qui «le silence est la deuxième prison des otages».«Une vraie leçon de vie», conclura Brice Fleutiaux, alors que ses proches craignent que, malgré la joie des retrouvailles, «rien ne soit plus comme avant».
Brice Fleutiaux
Journaliste indépendant et photographe, Brice Fleutiaux est né le 23 novembre 1967 à Toulouse et mort le 24 avril 2001.Son livre Otage en Tchétchénie est tiré de son vécu sur le terrain.