Paroles toxiques, paroles bienfaisantes
Paroles de bienvenue, d’encouragement, de tendresse, de confiance, de pardon ou paroles de reproche, de dénigrement, de rejet…, les mots comptent autant que les actes en ce qu’ils peuvent être libérateurs ou aliénants. D’où la nécessité de s’interroger sur une éthique de la parole. Car pour Michel Lacroix, en terme de morale, l’axe « que dois-je faire ? » n’est pas suffisant, il faut aussi s’interroger sur le bon usage de la parole.
Traditionnellement la morale du langage s’organisait autour de la véracité ou du mensonge. L’auteur, lui, choisit d’élaborer une « éthique de la parole » en fonction du bien-être ressenti par l’individu. S’appuyant sur les courants qui ont mis en lumière l’impact psychologique de la communication comme l’école de Palo Alto, la philosophie de la politesse et la pragmatique linguistique, le philosophe propose une charte de la bonne communication construite autour d’une parole polie, attentionnée, partagée, positive, respectueuse des absents, tolérante, responsable et messagère de vérité subjective et objective.
Cette éthique de la parole valorisée et mise en place dès le plus jeune âge est, pour le philosophe, nécessaire pour freiner les dérives déshumanisantes du travail, pour endiguer la dégradation des relations sociales et pallier les carences graves qui subsistent dans la sphère familiale et éducative. Sans chercher à donner de « recettes miracles », il propose un art martial du langage qui permet de se comporter de façon éthique et efficace face à un interlocuteur dont le comportement verbal serait justement non éthique.
Michel Lacroix
Normalien, agrégé de philosophie, Michel Lacroix est maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise. Il est notamment l'auteur de Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ? (Flammarion, 2007), Se réaliser (Robert Laffont, 2009 ; prix Psychologies-Fnac), Paroles toxiques, paroles bienfaisantes (Robert Laffont, 2010) et Éloge du patriotisme (Robert Laffont, 2011).