Rage de vivre
Après Poésie la vie entière qui rassemblait l’intégralité de René Guy Cadou, Seghers accueille aujourd’hui les oeuvres poétiques complètes de René Depestre. L’ouvrage s’ouvre avec Étincelles, imprimé en Haïti en 1945 et se clôt avec Non-assistance à poète en danger, publié chez Seghers en 2005. Les recueils Végétations de clartés (1951), Traduit du grand large (1952), Journal d’un animal marin (1964), publiés par Pierre Seghers, y côtoient des éditions rares, parues à l’étranger et aujourd’hui introuvables pour offrir un point de vue passionnant sur soixante années de création poétique. Véritable autobiographie poétique, cette somme permet de suivre l’itinéraire littéraire politique et humain d’un homme au parcours exceptionnel. Les premiers poèmes reflètent la colère du jeune homme de dix-huit ans dont Aimé Césaire percevra immédiatement la valeur. Un « triple credo contestataire » s’y trouve aussitôt formulé : « la négritude-debout, le brûlot surréaliste et l’idée de révolution ». De Port-au-Prince à Paris, de Prague au Chili, de la Havane à Lézigan-Corbières, où il est aujourd’hui installé, René Depestre donne à lire le chant fantaisiste, dionysiaque et vigoureux de ses passions caribéennes. Celles d’un animal marin possédé par le loa de la poésie, d’un homme qui a su porter très haut la parole de la liberté et de l’universalité.
Publié avec le concours du Centre national du livre