Seule dans le vent des glaces
» Sous la tente, chaque soir, j’écrirai mon journal de bord. Ce journal sera mon seul ami, mon confident « , déclarait Laurence de la Ferrière quelques jours avant son départ. Aujourd’hui, Seule dans le vent des glaces, inspiré de ce journal de bord, retrace l’histoire d’un triple défi. Le défi sportif, bien sûr, de parvenir à parcourir en un temps limité 3000 km du continent blanc, dont 1800 totalement inexplorés, par des températures pouvant descendre jusqu’à – 50 °C. Le défi scientifique : prélever pour la première fois sur ce sol des carottes de glace afin d’en apprendre plus sur l’histoire du climat, rapporter des météorites d’une partie du globe où, pour cause, on n’en avait jamais trouvé une, et relever les réactions physiologiques à des températures extrêmes. Mais aussi le défi humain de tenter cet exploit en solitaire ; c’est-à-dire avec le strict minimum d’assistance. Le 23 novembre 1999, Laurence de la Ferrière quittait donc le pôle Sud pour la première étape de sa traversée, Dôme C, 1664 km plus loin, avec, pour avancer, une paire de skis, trois paires de voiles de différentes tailles, une boussole, une carte et une balise GPS signalant sa progression. Et, dans le traîneau de 140 kg qu’elle tirait, harnaché à ses reins sur ses six couches de vêtements antifroid, vivres et matériel calculés au gramme près pour lui permettre de tenir sans être ravitaillée durant ces trois mois de solitude absolue : aliments lyophilisés, réchaud à gaz et réserves de carburant, duvet, tente, lecteur de CD et CD choisis par ses filles…, sans oublier son fameux journal de bord. Seul lien la rattachant à la civilisation, un téléphone satellite. Au jour le jour, Laurence de la Ferrière raconte les aléas, les espoirs, les dangers, les peurs et l’excitation qui ont rythmé cette aventure unique. Le découragement du début, quand le mauvais temps, l’absence de vent, la neige collante et des vagues de glace très dures l’ont obligée à marcher, lui provoquant des engelures et ralentissant sa progression. Son émerveillement le matin où, aussi étonnée qu’elle de rencontrer âme qui vive sur cette terre de grand dénuement, elle voit une sorte de mouette se poser non loin d’elle. Sa fierté d’explorer l’un des derniers endroits au monde où aucun humain avant elle n’avait mis le pied. Sa joie d’atteindre Dôme C le 30 décembre 1999 et de fêter l’an 2000 en compagnie des chercheurs de la base. Son angoisse le soir où sa tente a failli prendre feu. Son interminable attente avant de pouvoir parcourir les 300 derniers kilomètres de sa traversée, coincée par des vents violents soufflant à près de 200 km/h. Ou encore le sentiment magique de » voler sur la glace » quand elle pouvait utiliser ses voiles… Au-delà d’une véritable épopée des Temps modernes, la rencontre d’une femme d’exception avec ce qu’elle porte de plus profond en elle fait de ce récit un document passionnant.
Laurence de La Ferriere
Née à Casablanca le 16 mars 1957, Laurence de La Ferrière arrive en France à l'âge de huit ans. Diplômée de mathématiques, elle s'oriente un temps vers la flûte traversière avant de trouver sa voie : l'escalade, la montagne. Les Alpes d'abord puis l'Himalaya. Elle conquiert plusieurs sommets prestigieux avant de battre en 1992, sur l'Everest, le record féminin mondial d'altitude sans oxygène à 8 700 mètres. En 1997, elle est la première Française à atteindre le pôle Sud en solitaire après une traversée de 1 400 km en cinquante-sept jours. Mère de deux enfants, elle vit à Chamonix où elle est accompagnatrice de haute montagne.