Un dernier moment de folie
Après Onze histoires de solitude et Menteurs amoureux, Un dernier moment de folie est le troisième recueil des nouvelles complètes du grand Richard Yates. Il rassemble neuf histoires non publiées de son vivant, sans doute les plus belles qu’il ait jamais écrites. Neuf histoires qui se déroulent dans les années 1950, neuf instantanés de vies qui en disent long sur le destin de leurs personnages, toujours aussi déconcertés par l’existence. Dans ce recueil moins ouvertement autobiographique que Menteurs amoureux, on retrouve par touches certains des sujets favoris de l’auteur l’ancien combattant revenu brisé de la Seconde Guerre mondiale, la mère qui rêve d’une autre vie, la fascination naïve de tous pour l’Europe mais on découvre aussi de nouveaux motifs, de nouvelles figures, comme cette petite fille qui fait l’amère expérience de l’arbitraire (Une chose bien à soi) ou bien ce contrôleur de gestion d’une firme new-yorkaise qui reçoit une cruelle leçon de management (Le Contrôleur des finances et le Jeune Loup)… On reconnaît surtout cette patte d’entomologiste qui permet à Yates de croquer en quelques lignes les déconvenues de ces losers magnifiques : il raconte avec une rapidité et une précision prodigieuses les blessures narcissiques subies par ses personnages, que ce soit lors d’un dîner où chacun raconte sa guerre ou lors d’une réunion entre collègues où l’on vante sa carrière, au cours d’une convalescence forcée ou le temps d’une nuit avec un inconnu en uniforme. Tous se voudraient plus brillants, plus courageux, plus séduisants, plus forts. Humains, trop humains. Invariablement, leurs histoires serrent le coeur… mais ravissent l’âme.
Richard Yates
Richard Yates naît en 1926 dans l'État de New York. Après une enfance instable dominée par le divorce de ses parents, il rejoint l'armée et est envoyé en France, puis en Allemagne juste après la Seconde Guerre mondiale. De retour à New York au début des années 1950, il devient journaliste puis nègre – il écrit pendant un temps les discours du sénateur Robert Kennedy – avant de travailler dans la publicité. En 1961, paraît aux États-Unis La Fenêtre panoramique, qui est un formidable succès critique. Après la publication de ce premier roman, finaliste du National Book Award, il enseigne entre autres à l'université de Colombia, à Manhattan, puis à celle de Boston. Il est soutenu par de nombreux écrivains dont Kurt Vonnegut, Dorothy Parker, William Styron ou Tennessee Williams et exerce une forte influence sur Andre Dubus, Raymond Carver et Richard Ford. Il meurt en 1992.