Le livre le plus original et percutant de l’année du double anniversaire de l’appel du 18 juin et de la mort du général de Gaulle.

Dans une de ses chroniques parues il y a trente ans dans La revue des deux mondes, Michel Onfray se déclarait admirateur fervent du général de Gaulle, saluant « un personnage de tragédie, un acteur échappé des pièces de Corneille ». Il ne cachait pas sa fascination devant le grand solitaire qui, une nouvelle fois exilé, marchait en 1969, après son départ du pouvoir, en la seule compagnie de sa femme et de son aide de camp sur une plage d’Irlande comme un « vieux roi déchu. » C’est à la lumière de cet ultime épisode qu’il déclarait avoir compris le changement de décor et de protagonistes qui allait s’opérer : « l’art politique français avait perdu son dernier poète et aucun de ceux qui suivirent ne dépassa jamais la figuration dans des pièces de boulevard ».

Parmi ces successeurs, il s’en prenait déjà à François Mitterrand : « L’un des plus fielleux se servit du socialisme pour étancher une volonté de puissance extraordinaire qui, le jour où elle put s’exercer, ne produisit d’excellence que dans la bouffonnerie là où le Général avait sublimé dans la tragédie ».

C’est l’idée d’approfondir cette comparaison qui est à l’origine de ce livre, conçu selon le modèle des Vies parallèles de Plutarque. Onfray y démontre, à la fois en historien, en philosophe et en polémiste, tout ce qui sépare ces deux hommes qui ne cessèrent de s’affronter. A travers eux, ce sont deux destinées, deux visions de la France et des Français qu’il raconte, deux façons distinctes et antagonistes d’incarner la nation et conduire sa propre vie. Au résistant de 40, à l’homme de la France libre et au fondateur de la cinquième République, il oppose « le manifestant d’extrême-droite qui défile contre les métèques et milite contre les juifs, pérainiste, vichyste, toujours antigaulliste, politiquement opportuniste et moralement douteux».

Découpé en une quinzaine de chapitres qui correspondent à autant de thèmes – le milieu, l’éducation, la vie privée, le pouvoir, l’Histoire, la mystique, la maladie, la sépulture …- cet ouvrage éclaire deux aspects inconciliables de leurs personnalités respectives, de leur comportement public et privé, de leur façon d’être et d’agir. Rien de commun pour Onfray entre « le Connétable et l’avocat, le lettré et le superstitieux, le tragique et l’égotiste, l’époux et le libertin, le probe et le menteur, l’humble et le vaniteux », selon les titres de chacun de ses chapitres conçus comme autant de fables historiques et politiques. Michel Onfray nous raconte à travers elles un demi-siècle d’histoire française.