L’imposture des mots
Pendant des années, Yasmina Khadra a publié des livres qui ont bouleversé le public en France et dans de nombreux pays. Il y a un an l’auteur a révélé sa véritable identité: derrière le pseudonyme de Yasmina Khadra se cachait Mohammed Moulessehoul, officier supérieur de l’armée algérienne. En 1999, à l’âge de quarante cinq ans, Mohammed Moulessehoul décide de prendre sa retraite de l’armée, de dévoiler son identité et de se consacrer entièrement à l’écriture. Il quitte l’armée, s’envole vers le Mexique avec sa femme et ses trois enfants et arrive en France en janvier 2001. C’est à cette date qu’il publie chez Julliard «L’Écrivain», et qu’il révèle son identité à la presse et au public.
L’accueil très chaleureux qu’il reçoit est soudain terni par l’irruption de la polémique sur le rôle présumé de certains éléments de l’armée algérienne dans les massacres qui ensanglantent l’Algérie depuis dix ans. L’écrivain Yasmina Khadra est obligé de rendre des comptes sur l’activité du commandant Moulessehoul, ce double qui l’empêche d’écrire depuis toujours. Le choc est rude. Ce monde littéraire parisien dont il rêvait en Algérie comme un prisonnier rêve de liberté au fond de sa cellule se révèle versatile, frileux, inconstant. Et surtout très injuste. Qui mieux que Yasmina Khadra a décrit les mécanismes de l’horreur islamiste et des réseaux politico-financiers qui détruisent son pays? Il l’a fait au péril de sa vie. Mais il est militaire et on lui demande de renier une institution dont il explique justement dans «L’Écrivain» le rôle capital qu’elle a joué dans son existence…
Face à la déconvenue, Yasmina Khadra a réagi en écrivain. Loin des reproches et des récriminations, sans aigreur ni amertume, il a choisi d’écrire le récit de cette aventure en mettant en scène les seuls interlocuteurs qui lui paraissent valables. Il rencontrera Nietzsche, Kateb Yacine, Nazim Hikmet, ses maîtres. Mieux, il affrontera ses propres personnages et leurs sarcasmes : Zane de Ghachimat, le nain pervers des «Agneaux du seigneur», Salah l’Indochine le monstrueux recruteur du GIA d’«À quoi rêvent les loups» et l’inévitable commissaire Lob. Et surtout, il se retrouvera face au commandant Moulessehoul qui lui rappellera que, dans le jeu cruel qui a opposé le militaire et l’écrivain, il n’est pas facile de savoir qui a eu le plus à perdre?
http://www.yasmina-khadra.com
Yasmina Khadra
Yasmina Khadra est l'auteur de la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L'Attentat et Les Sirènes de Bagdad. La plupart de ses romans, dont À quoi rêvent les loups, L'Écrivain, L'Imposture des mots et Cousine K, sont traduits dans 42 pays. Ce que le jour doit à la nuit– Meilleur livre de l'année 2008 pour le magazine LIRE et prix France Télévisions 2008 – a été adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012. L'Attentat a reçu, entre autres, le prix des libraires 2006. Son adaptation cinématographique par le réalisateur Ziad Doueiri sort le 1er mai 2013 sur les écrans. Présenté dans plusieurs festivals, le film a déjà reçu le prix du Public à Bastia et L'Étoile d'or à Marrakech. Une adaptation théâtrale de L'Attentat est également prévue en 2013.
Son site Internet : www.yasmina-khadra.com