Couvrez ce sein – La nudité dans tous ses états
Couvrez ce sein – La nudité dans tous ses états
La nudité aurait-elle encore quelque chose à cacher ?
Nous vivons dans une société très paradoxale. Alors que depuis les années 70, les corps nus s’affichent de plus en plus librement partout autour de nous (publicité, journaux, films, etc.) au point de devenir presque invisibles, le fait de se promener nu est considéré comme un délit, croisement d’un véritable acte de bravoure et de sédition. C’est à partir de l’écriture d’un article qui lui paraissait pourtant anodin sur les « randonues » (des promeneurs qui se baladent tout nu) que le journaliste Hubert Prolongeau a compris que la question de la nudité était loin d’être close et qu’elle passionnait encore l’opinion, suscitant à la fois le débat et parfois même le scandale.
Dans cet éclairage stimulant sur le monde contemporain, Hubert Prolongeau recense les mises à nu qui ont fait polémiques et le pouvoir subversif du corps dévêtu. On croisera pour s’en convaincre Sylvie (membre de l’Association pour la Promotion du Naturisme En Liberté) qui s’est mise à nue pour s’accepter, Steve Cough, un anglais fantasque forcené de la cause de la nudité qui refuse catégoriquement de s’habiller ou encore Rachele Borghi, professeure d’université qui n’hésite pas lors de son cours sur l’hétéronome, le post-porn et le queer à se mettre nu devant ses étudiants. Tous ont en commun de brandir leur corps comme un étendard.
Décryptant les enjeux de ce langage de contestation, Hubert Prolongeau dévoile les sens cachés du nu. Du nu hédoniste, celui des naturistes des plages, à la recherche d’une union avec la nature, au nu « politique », celui des activistes FEMEN par exemple, le nu reste rarement anodin. Qui ose s’exposer nu expose dans un même mouvement toute la pureté de sa démarche et la radicalité de sa détermination. Au fond, c’est que le langage est un corps – un corps qui parle – et que la nudité est une de ses modalité d’expression les plus complexes. A l’heure où le débat sur le voile – le burqini désormais- n’a jamais été aussi vif, la nudité interroge d’autant plus. Et peut-être, alors qu’on la croyait banalisée, a-t- elle finalement encore le pouvoir de nous interroger.