Bon petit soldat
Être ou ne pas être. Être un secret inavouable, affublé d’un prénom impossible, une vie entre les lignes : une enfant cachée. Être la fille du président Mitterrand ou ne pas être du tout. Être la progéniture adorée à la maison, au sein d’un trio aussi idéal que mythique, mais n’être rien ailleurs – rien, nada, personne. Être la soeur, la belle-fille, la nièce, la cousine, et la tante, d’une ribambelle de frères, belle-mère, oncles, cousins et neveux qui, eux, ne savent pas qui vous êtes. Et puis soudain la lumière, pleins feux ; les flashs, le scandale. Être sa fille, enfin, officiellement. Un objet de curiosité, de suppositions, de préjugés, de rancoeur – ne vit-elle pas aux crochets de la République ? De harcèlement aussi, quand les paparazzi campent devant chez elle. Et puis devenir l’héritière morale. Le portrait craché. La représentante. Devenir lui, un peu. Mais jamais soi-même. Comment échapper à ce sortilège originel qui l’empêche d’être autre chose qu’un « bon petit soldat » ? Comment protéger ses propres enfants, comment leur transmettre un héritage à la fois si prestigieux et si tortueux, sans qu’ils en souffrent à leur tour ? C’est sous forme de journal que Mazarine Pingeot a choisi de transcrire ces réflexions, au fil des mois de la campagne présidentielle durant lesquels le combat personnel est sournoisement venu se mêler au combat politique. Reprenant le fil là où elle l’avait laissé il y a sept ans, concluant Bouche cousue sur l’espoir d’un lendemain meilleur, elle fait de son écriture, vibrante et exutoire, le lieu d’une étonnante introspection collective.
Mazarine Pingeot
Normalienne, agrégée et professeure de philosophie, Mazarine Pingeot a déjà publié dix livres tous chez Julliard (dont Bouche cousue, Le Cimetière des poupées et Bon petit soldat) à l’exception d’Entretien avec Descartes, publié chez Plon.