Le Pape – Dans l’intimité d’un homme
«À 15h30 précises, Jean-Paul II apparut entre les créneaux de la muraille séculaire, son bréviaire en main, vêtu d’une lourde cape noire. Il cheminait lentement. […] Tandis que j’appuyais frénétiquement sur le déclencheur me vint une idée, vite obsédante. Et si je profitais de cette relative proximité pour lui révéler ma présence? Je l’appelai:“Très Saint Père, s’il vous plaît, faites-moi un signe.” Le Pape leva les yeux, nous vit, mon téléobjectif et moi, et sourit – un large sourire. Il me bénit et me salua d’un geste du bras droit.Instantanément, je me sentis libéré. Photographier le Pape à son insu m’avait toujours embarrassé. Sa bénédiction, le signe qu’il m’avait adressé et surtout ce sourire que jamais je n’oublierai, m’avaient tranquillisé. Je sortais de la clandestinité, j’avais d’une certaine manière obtenu la permission de le photographier. Et je ne m’en privai pas.»Le pape Jean-Paul II est, depuis son élection en 1978, un modèle de choix pour les photographes. Mais rares ont été ceux qui l’ont escorté avec une persévérance égale à celle d’Adriano Bartoloni. Pendant plus de vingt ans, le photographe a suivi le Pape comme son ombre, au Vatican, lors de ses nombreux voyages officiels et jusque dans sa piscine de Castel Gandolfo… Depuis les jardins ou les toits du Vatican, on découvre un homme parfois heureux et satisfait, parfois crispé et nerveux, priant ou même pleurant. Autour du monde, on retrouve le Pape devant un océan de fidèles, coiffé d’invraisemblables couvre-chefs, l’oeil pétillant de malice et le sourire en coin. Ces photos surprenantes témoignent de la transformation profonde subie par le Saint-Père depuis l’attentat dont il a été victime en 1981.
Adriano Bartoloni
Adriano Bartolini est photographe.