Magari
Quand Lorenzo sort de chez lui ce matin-là, flottent sur Rome toutes les promesses de l’été. Nous sommes le 19 juin 2001. Silvio Berlusconi est redevenu quelques jours plus tôt chef du gouvernement. Pour la plus grande joie de ses tifosi, l’AS Roma vient de remporter le troisième scudetto de son histoire. Et Lorenzo est heureux : certainement pas à cause du retour aux affaires du Cavaliere – la politique, il en a soupé. Peut-être même pas grâce à la victoire de son équipe, et Dieu sait pourtant s’il a rêvé de revivre une telle liesse… Non, Lorenzo est heureux parce que Francesca l’aime. Parce que, dans quelques mois, naîtra leur premier enfant, une fille, il en est certain. Parce que, à l’abord de la trentaine, l’ombre du petit garçon naïf et malhabile, celle de l’adolescent irrésolu ballotté par tous les vents contraires, n’est plus si lourde à porter. Aujourd’hui, sa vie a un axe, un socle, une direction. Alors, il traverse la rue sans faire attention. Et ne voit pas la voiture qui surgit au même moment…
… Étendu sur le bitume, Lorenzo remonte le fil de sa vie. Celle d’un jeune Romain qui a grandi écartelé entre l’intransigeance d’un père communiste ultra militant, les migraines d’une mère rongée par un drame familial et l’amour d’un grand-père cachant tant bien que mal son passé mussolinien. Un parcours chaotique marqué par ce sentiment d’incertitude, de désirs, de rêves enfouis et aussi de résignation qu’exprime le mot « magari » (« si seulement… »), comme un état d’âme qui se décline à l’infini.
De l’assassinat d’Aldo Moro à l’avènement des années Berlusconi, c’est une radioscopie de la société italienne dans toutes ses nuances et ses contradictions que nous offre ce roman d’apprentissage au souffle à la fois intime et puissant. C’est aussi un voyage plein de sensualité dans les boucles du Tibre, où l’on sent à chaque page les brûlures du soleil et la fraîcheur de l’eau sur la peau du héros.
Éric Valmir
Éric Valmir a été le correspondant de Radio France en Italie pendant 5 ans. Installé à Rome, il couvre toute l'actualité italienne, produit et réalise la série radiophonique « Ciao Ragazzi » et... commence à écrire Magari. Rentré à Paris, il anime depuis septembre 2011 sur France Inter un rendez-vous matinal politique « Les jeunes dans la présidentielle », qui connaît rapidement un succès d'audience. Il est également l'auteur, chez Robert Laffont, de Toute une nuit (2005), De la difficulté d'évoquer Dieu dans un monde qui pense ne pas en avoir besoin (entretiens avec le cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, 2008), et de Italie, belle et impossible (2011) chez Editalie.