« Pourtant, après avoir posté sur Instagram et Twitter mon mot de soutien aux victimes des attentats, voilà que dans un déferlement dont les réseaux sociaux ont le secret, se mirent à se déchirer avec une violence inouïe en m’insultant allègrement au passage, ceux qui m’accusaient de leur demander de choisir entre « la peste et le choléra », entre Charlie Hebdo et les terroristes, et ceux qui pensaient que dans une république laïque la religion était la cause de toutes les dérives et de toutes les déviances mortifères. Moi, qui m’auto-définissait comme un « homme-pont », qui n’avait de cesse de vouloir faire peuple, de vouloir faire France, je me retrouvais plus que jamais face à la manifestation virtuelle d’un peuple divisé en profondeur. J’ai alors pensé à ce que m’avait dit un jour Juliette Gréco, la muse de Saint-Germain-des-Près : c’est par la reconnaissance juste de chacun de ses citoyens que viendra la réconciliation de la France avec elle-même. »

Personnelle, politique, polémique et littéraire, La Réconciliation se propose, dans une France où l’on voit se dessiner toujours un peu plus les contours d’une guerre civile, de mettre fin à une dangereuse aberration : « L’incapacité de rendre visible à tous l’idée de République comme expérience vécue et incarnée. »

Si Abd Al Malik évoque régulièrement la figure de l’artiste ou de l’écrivain national, c’est moins pour souligner ses références que mettre en lumière des créateurs individuels reconnus et représentant une identité collective : comme si Albert Camus, Juliette Gréco, Édouard Glissant, Aimé Césaire, le général De Gaulle ou même l’émir Abd-el Kader L’Algérien étaient là pour nous rappeler que chaque génération avait sa guerre à livrer, sa lutte de résistance à mener derrière des héros éveilleurs et formateurs d’une conscience nationale éclairée.