Les romans de la Renaissance
Ces trois romans (Ascanio, Les Deux Diane et L’Horoscope, inachevé, qui se déroulent respectivement sous François Ier, Henri II et François II) font partager au lecteur la fascination pour la Renaissance éprouvée par Dumas et par les romantiques. André Maurois affirmait que Dumas, pourvu de la même énergie physique que les hommes de la Renaissance, se sentait plus proche d’eux que des bourgeois de la Restauration. Alors, écrit en effet l’écrivain, « toutes les sensations étaient franches et se traduisaient franchement, la joie par le rire, la douleur par les larmes ». C’est d’abord cette extraordinaire vigueur du jeune XVIe siècle qui est livrée à notre admiration : que ce soit celle de l’orfèvre et sculpteur florentin Benvenuto Cellini, figure sublimée de l’Artiste (Ascanio), ou celle du Chevalier par excellence qu’est Gabriel de Montgommery (Les Deux Diane). Cependant, ce côté lumineux possède sa contrepartie sombre, hantée par les guerres de Religion. Extrême raffinement et infinie sauvagerie, dépravation et courage, beauté surhumaine et monstrueuse laideur, propres à inspirer admiration, horreur ou dégoût, tels sont les traits communs aux trois opus de ce volume.
Par ailleurs, cette édition permet de lever un coin du voile recouvrant la paternité de Dumas dans les romans signés de son nom et écrits en collaboration. Pour Ascanio et Les Deux Diane, le collaborateur n’est pas l’habituel Auguste Maquet, mais Paul Meurice, qui appartint au cercle de Victor Hugo. C’est d’ailleurs dans la maison Victor-Hugo, place des Vosges à Paris, qu’est conservé, sous le titre L’Hôtel de Nesle, son manuscrit préparatoire d’Ascanio – nous en reproduisons quelques chapitres en annexe. Toutes les versions manuscrites de Maquet semblant avoir été détruites, ce manuscrit est une rareté qui constitue un document nécessaire, sinon suffisant, pour qui veut mesurer la part de Dumas dans les romans issus de son atelier d’écriture.