Y eut-il une analyse avant l’Analyse ? Comment partait-on autrefois à la découverte de soi ? Ce livre raconte l’aventure de la connaissance du moi – le pays intérieur –, aventure qui commença à la fin du XVIIIe siècle en Europe et continue toujours : on explore cet obscur sujet du désir, on cherche à distinguer sa géographie complexe, comme on arpente le monde en quête de nouveaux continents. On se livre à un formidable travail d’éclaircissement des jungles psychiques, qui relève en l’homme les lumières et les ombres. Le voyage au pays intérieur n’a pas attendu l’explosion des blogs pour avoir ses aventuriers. L’atlas de leurs expéditions est ici lumineusement recomposé par Anne Maurel : y contribuent écrivains, scientifiques, médecins et philosophes, qui échangent leurs outils, partagent leurs trouvailles et se contaminent généreusement. L’observation clinique vient soutenir et prolonger l’introspection, le philosophe Maine de Biran débat avec Royer-Collard, médecin et directeur de l’hôpital de Charenton. Les nations aussi dialoguent : le massif français avec le massif germanique, réunissant Germaine de Staël, Rilke, Amiel ou Kafka.
Si la psychanalyse a donné un langage à l’inconscient, voici des pages enchantées, écrites avant qu’il ne sache le parler, alors qu’il s’essayait aux langues buissonnières de la conscience de soi. Le Pays intérieur nous fait découvrir les tentatives inspirées de nos prédécesseurs pour combiner les pièces de ce puzzle sans modèle qu’est notre moi. Invitation à rêver dans les livres, ce recueil initiatique convie le lecteur à un voyage immobile, lesté du témoignage de ceux qui ont ouvert la voie, pour mieux le lâcher vers l’horizon secret que chacun de nous atteindra un jour.