Sénéque
« L’essentiel n’est pas de vivre longtemps, mais de vivre pleinement. » Ce précepte, Sénèque l’a suivi à la lettre. Né à Cordoue au début de notre ère, il a mené, sous Claude et sous Néron, une triple carrière d’homme d’affaires, d’homme politique et de littérateur. Riche, influent, admiré, il a pourtant connu l’exil et la disgrâce. Comment, alors, se prémunir contre les aléas du destin et la folie des hommes ? Par la philosophie, qui nous apprend à mépriser la vie : « C’est bien peu de chose que la vie, mais c’est une immense chose que le mépris de la vie. » Le stoïcisme est une philosophie du bonheur. Son but : garantir notre liberté intérieure. « Accepter les ordres du destin, c’est échapper à ce que notre esclavage a de plus pénible : devoir faire ce qu’on préférerait ne pas faire. » La liberté suprême est, pour un stoïcien, celle du suicide. Sénèque en a fait l’expérience : suspecté d’avoir pris part au complot de Pison, il se donna la mort – sur ordre de Néron. « Il n’y a que l’homme qui détruit l’homme par plaisir. » Les Entretiens et les Lettres à Lucilius ne sont pas des oeuvres de doctrine. Sénèque y parle très librement de sa carrière, de ses lectures, de ses voyages, de ses promenades ; il y expose ses goûts et ses dégoûts, ses idées et ses sentiments. Il nous permet aussi de suivre son lent travail sur lui-même : « On n’est pas sage, on le devient. »