La vérité sur Gustavo Roderer
Qu’est-ce qui différencie une intelligence supérieure d’une intelligence extraordinaire ?
Dans un café de Puente Viejo, gros bourg endormi d’Argentine, deux adolescents disputent une partie d’échecs. L’un d’eux est Gustavo Roderer, nouveau venu dans la ville ; l’autre est le narrateur, champion d’échecs de la région. Contre toute attente, Roderer gagne. Sans plaisir apparent, avec ce commentaire : « Les échecs, c’était juste une expérience ; un modèle. À un petit niveau, bien sûr. » Ce mélange de mépris et d’indifférence restera fiché comme une flèche empoisonnée dans l’orgueil de son adversaire. S’établit pourtant entre les deux adolescents une relation singulière, dépourvue d’affection, où s’affrontent leurs intelligences. Le narrateur, brillant élève bien inséré dans la société, rencontre partout le succès. Enfermé chez lui, incapable d’aimer, Roderer est dévoré par sa quête obsessionnelle d’une philosophie radicalement nouvelle. L’un est contraint de partir pour la guerre des Malouines, l’autre tâte des drogues pour développer ses capacités. Quand l’un mène une vie amoureuse épanouie, l’autre est en butte à l’incompréhension de tous et réduit au chagrin la jeune fille qui l’aime. Mais lorsque le narrateur croit triompher intellectuellement de Roderer et tenir sa vengeance, il ne fait que précipiter vers la mort son ennemi le plus accompli.
S’interrogeant sur une préoccupation vieille comme l’humanité — l’intelligence —, Guillermo Martínez élabore un récit d’inspiration borgésienne, mélange subtil et dérangeant de romanesque et de métaphysique.
Guillermo Martínez
Né en 1962 à Buenos Aires, Guillermo Martínez est, en Argentine comme à l'étranger, l'un des écrivains les plus reconnus de sa génération. Grand admirateur de Borges, il est l'auteur de Mathématique du crime (NiL, 2004 ; « Pavillons poche », 2008), La Mort lente de Luciana B. (NiL, 2009) et Moi aussi, j'ai eu une petite amie bisexuelle (Robert Laffont, 2014).