Ragtime
Lors de sa publication en 1975, Ragtime fut porté aux nues par la critique américaine avant de devenir un best-seller mondial. Avec cette tragi-comédie nostalgique mais pleine de bruit et de fureur dépeignant la naissance de l’Amérique moderne et les débuts de l’âge du jazz, E. L. Doctorow accédait au rang de grand écrivain. Aux héros de son invention, il mêle, entre autres, Ford, Freud, Jung et Houdini dans un kaléidoscope de personnages.
Ragtime, porté à l’écran par Milos Forman en 1981, est aujourd’hui un classique de la littérature américaine du XXe siècle.
E. L. Doctorow
Issu des milieux émigrés juifs russes du début du XXe siècle, E. L. Doctorow (né dans le Bronx en 1931), à l'instar de beaucoup d'hommes et de femmes de cette génération, a grandi parmi les livres. Ceux des écrivains américains des années 1920, et en particulier de Dos Passos, l'ont beaucoup marqué. Comme l'a influencé l'écriture audiovisuelle puisqu'il fut un temps lecteur pour la grande chaîne de télévision Columbia Broadcasting System. Homme de gauche, Doctorow a mis son oeuvre au service de ses idées, tout en pratiquant la déconstruction chère à Derrida. Ainsi retrouve-t-on dans ses livres le reflet d'une critique du rêve américain. Avec Le Livre de Daniel, l'aspect politique d'une telle démarche - le roman est une parabole du procès des Rosenberg - s'affirme déjà pleinement. Il se renforcera en 1975 dans Ragtime (« Pavillons Poche », 2005), roman qui traduit la vision rétroactive qu'a Doctorow de l'Amérique du début du siècle. Dans ce « diorama où se mêlent personnages fictifs et historiques » (P.-Y. Pétillon), Doctorow use d'une technique d'écriture kaléidoscopique qui, dans sa modernité, n'oublie pas non plus l'héritage des grands anciens, Dos Passos bien sûr, mais aussi Faulkner et Wolfe. La suite de son oeuvre, Billy Bathgate ou, plus récemment, La Cité de Dieu, témoigne de la constance de son inpiration.