Plutarque – Vies parallèles II
Originaire d’une famille aisée de Chéronée, Plutarque (46 ?-126 ?) y passa l’essentiel de sa vie, se consacrant à l’exploitation de son domaine et à ses travaux d’écriture. Des voyages l’ont conduit à Athènes, à Sparte, à Rome, dont il fut aussi nommé citoyen. Les vingt dernières années de sa vie, il exerça les fonctions de prêtre d’Apollon à Delphes et s’occupa de la restauration du sanctuaire, tombé en ruine. Parallèlement, il avait créé une académie privée où il enseignait la philosophie et l’éthique.
L’oeuvre de Plutarque est d’une extraordinaire abondance. Elle compte plus de deux cents titres ; un bon tiers nous en est parvenu, témoignant d’une des activités littéraires les plus intenses de l’Antiquité. Si la majeure partie des textes touchant aux sujets les plus variés ont été regroupés sous le titre un peu vague de Moralia, les Vies parallèles constituent un ensemble homogène à part : cinquante biographies, mettant en parallèle des représentants des peuples grec et romain, afin de rappeler aux Romains ce qu’ils doivent aux Grecs et de dire aux Grecs que les Romains ne sont pas les barbares qu’ils croient. Plutarque incite ainsi à une estime réciproque entre les deux peuples en soulignant l’égalité de leurs valeurs, même si, en filigrane, il ressort une supériorité des Grecs.
Le succès des Vies a été immense. Montaigne s’y réfère souvent : «Je n’ai dressé commerce avec aucun livre solide, sinon Plutarque et Sénèque, où je puise comme les Danaïdes, remplissant et versant sans cesse.» Rousseau y conforte son esprit républicain : «Je me croyais Grec ou Romain. Je devenais le personnage dont je lisais la vie.» Que le lecteur contemporain fasse comme lui et se laisse emporter par la meilleure traduction moderne qui existe actuellement, signée par les grands hellénistes Robert Flacelière et Émile Chambry. La présentation est due à Jean Sirinelli, auteur d’une biographie remarquée de Plutarque.ROBERT KOPP