Après avoir traversé l’Allemagne nazie dans un wagon plombé et s’être évadé d’un camp de travail, Lorand Gaspar effectue ses études de médecine à Paris. Il devient chirurgien des hôpitaux français de Bethléem et Jérusalem, puis de celui de Tunis. Son oeuvre littéraire – il est l’auteur de recueils poétiques, de récits de voyage et de livres de photographies – ne l’empêche pas d’être chercheur dans une équipe de neurosciences à Paris.
Cette oeuvre, qui frappe par sa singularité et son esprit d’ouverture, s’inscrit à sa manière dans la continuité de la poésie grecque qui ne dissociait pas science et littérature, matérialisme et spiritualité, philosophie rationaliste et capacité d’émerveillement. L’anthologie, qui occupe la seconde partie de l’ouvrage, témoigne à la fois de cette double postulation et de la richesse des sources que convoque le poète. Dans les textes qu’il consacre aux déserts (qu’il a longtemps arpentés), le poète-nomade recourt aussi bien à la biologie végétale qu’à l’archéologie, à l’éthologie qu’à l’étude des langues anciennes, à la Torah qu’au Coran.
Enfin rassemblée dans la collection « Poètes d’aujourd’hui », son oeuvre, simple, profonde et lumineuse, nous invite à habiter le monde en êtres réconciliés.
Lorand Gaspar appartient avec Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Jacques Dupin ou André Du Bouchet (tous présents dans cette collection) à la génération des poètes nés dans les années 1920.