Silence et tumulte
Une journée dans la vie de Fathi Chin, écrivain célèbre interdit de publication par le Chef suprême de son pays (un pays qui pourrait être… la Syrie). Ce jour-là, on célèbre les vingt ans de pouvoir du despote : sous un soleil de feu, des milliers de personnes défilent en hurlant des slogans, des haut-parleurs braillent en boucle les discours du dictateur et les miliciens, hors d’eux, s’acharnent sur la foule. Emporté par le mouvement, harcelé par la milice, assourdi par le tintamarre, Fathi est balloté d’un lieu à un autre dans un maelström de plus en plus extravagant. Il se retrouve dans un hôpital grandguignolesque où malades et morts s’entassent dans les couloirs, puis dans les bâtiments d’une administration tentaculaire. Là, il est renvoyé de service en service, oublié dans une antichambre, jeté dans une cellule d’isolement, puis interrogé par d’absurdes fonctionnaires qui se savent pas ce qu’ils disent, avant d’être enfin libéré. Et s’il pensait pouvoir échapper à ce délire en se réfugiant chez sa mère, il se trompait. Car dans sa volonté de gagner à sa cause cet écrivain dissident, le Chef suprême a décidé de s’immiscer jusque dans sa famille : sa mère, veuve, lui apprend qu’elle va épouser l’un des membres les plus éminents du gouvernement. Il ne reste donc à Fathi qu’un seul havre où se mettre hors d’atteinte du pouvoir : l’appartement de Lama, sa maîtresse, où règne un calme d’une autre époque. Là, dans le bonheur de l’amour et dans l’exultation des corps, Fathi croit trouver les éléments qui forgent la liberté. Mais comment savoir si, à l’instar du reste, ce dernier refuge n’est pas une illusion ? Comment être sûr qu’il ne s’agit pas d’un rêve éveillé qui, à tout moment, peut basculer dans la cauchemar ?
Nihad Sirees
Silence et Tumulte, récit halluciné où le comique l'emporte sur le tragique, est le premier texte de Nihad Sirees traduit en France. Né en Syrie, à Alep, en 1950, et qualifié par la presse moyen-orientale de « Kafka arabe doté d'humour », Nihad Sirees est connu dans tous les pays arabes pour ses romans et ses séries télévisées, qui présentent de manière inédite la vie des Syriens à différents moments de l'histoire de leur pays.
Ola Mehanna et Khaled Osman ont traduits en français certains des plus prestigieux auteurs de langue arabe.