Shanghai Club
En 1870, la toute jeune concession française de Shanghai ne compte qu’une centaine de négociants, entrepreneurs, missionnaires, employés des Messageries et quelques fonctionnaires du consulat. Trois fois moins que la concession anglaise qui lui fait face. Autant de chances, pour un aventurier déterminé, d’y faire fortune… Tel est le rêve de Charles Esparnac lorsqu’il se lance dans le commerce sur le Yangzi, par où transitent jusqu’à Shanghai toutes les marchandises – soie, thé, porcelaines… – destinées à l’Europe. Activité risquée : les attaques incessantes de pirates sur le « Grand Fleuve » rendent la navigation périlleuse. Mais le danger est un challenge supplémentaire pour ce jeune homme au passé trouble qui sait se battre et se faire respecter. Aidé de Joseph Liu, son compradore, le premier Chinois à lui faire confiance, Charles va rapidement accumuler les succès : à peine deux ans plus tard, son « empire » pèse suffisamment pour qu’il bâtisse sur le Quai de France une demeure qui deviendra l’une des adresses les plus courues de la Concession tandis que lui-même s’impose comme une de ses figures emblématiques. Pour asseoir tout à fait sa position, il ne lui reste plus qu’à prendre femme et fonder une famille – une famille officielle, car il entretient une liaison clandestine et passionnée avec une prostituée chinoise qui attend un enfant de lui. Olympe de Crozes ne sait évidemment rien de tout cela quand elle quitte la France pour partir épouser Charles ; elle ne connaît d’ailleurs rien de lui… Ce qui lui convient très bien : son goût pour l’aventure, son rejet des conventions sociales et son imagination fertile parent de toutes les qualités ce vicomte de l’autre bout du monde. Cruelle déception à l’arrivée : pris dans le tourbillon de ses affaires et de ses amours secrètes, Charles lui accorde à peine un regard. Mais Olympe est de la trempe des véritables héroïnes, celles auxquelles la vie ne peut promettre qu’une grande histoire d’amour, celles qui ne se révèlent jamais aussi bien que dans l’adversité la plus cruelle. Car le destin, après leur avoir tout donné et fait d’eux les « princes » de Shanghai, n’épargnera pas les Esparnac…
Jacques Baudouin
Aujourd'hui directeur général de CNRS éditions, Jacques Baudouin a également longtemps travaillé dans les cabinets ministériels, en particulier au ministère des Affaires étrangères. Son intime connaissance des rouages gouvernementaux ne doit donc rien au hasard. Il est l'auteur de plusieurs romans, dont Le Mandarin blanc (Prix du roman historique), la saga Shanghai Club et La Reine du Yangzi, publiée chez Robert Laffont.