Vivre dans le feu – Confessions
«Marina Tsvetaeva (1892-1941) est l’un des plus grands écrivains du xxe siècle; son destin en est l’un des plus tragiques. Il est inextricablement mêlé à l’histoire contemporaine de l’Europe, marquée par deux guerres mondiales et par l’avènement de deux régimes totalitaires. Mis à sang par la Première Guerre, son pays, la Russie, devient le théâtre de la révolution d’Octobre, qui le plonge dans le chaos et la famine, avant de le soumettre à la guerre civile et à la terreur. L’une des filles de Tsvetaeva meurt de faim et d’épuisement. Son mari combat les Rouges avec les Blancs et se retrouve dans l’émigration: elle quitte le pays pour le rejoindre. Plus tard, alors que la famille est installée à Paris, il change complètement de bord, devient agent secret soviétique et se trouve impliqué dans un assassinat: Marina se voit encore contrainte de le suivre. De retour en Russie, toute la famille subit la répression la plus brutale. Le coup de grâce sera donné par l’invasion allemande, en 1941: privée de toute possibilité de vivre, Tsvetaeva ne peut que mettre fin à ses jours.Tout au long de son existence, Tsvetaeva, cette mécréante, ne cesse de se confesser. Elle le fait par des lettres qu’elle adresse parfois à des amis très proches, d’autres fois à des inconnus. Elle poursuit son monologue au moyen de messages enfermés dans ses cahiers de brouillon. De plus, elle remplit de nombreux carnets de notations succinctes sur ce qu’elle éprouve et pense. Sa vie durant, Tsvetaeva écrit ses confessions; sa mort brutale l’a empêchée d’en composer un livre. «Vivre dans le feu» est l’aboutissement de cette passion, il parachève la réalisation d’un de ses desseins, en formant un récit bouleversant sur elle-même et son existence. Et il ne serait pas abusif de voir dans le présent livre son oeuvre la plus accomplie: cette vie-écriture – une bio-graphie au sens littéral – est aussi ambitieuse que ses poèmes ou sa prose, et encore plus émouvante qu’eux.»Tzvetan Todorov