Les ronces de fer
En 1936, Emma et Raphaël ont vingt ans. Ils se rencontrent dans d’étranges circonstances qui les mènent, en pleine nuit, à Gurs, village de la plaine béarnaise. Emma s’y arrête, cependant que Raphaël poursuit son voyage vers Irún où sa mère, espagnole, achève sa vie. Elle mourra lors des premiers troubles de la guerre civile, sous les coups des franquistes. Alors Raphaël s’engage dans les Brigades internationales, pour venger sa mère, et aussi pour braver son père, riche et réactionnaire négociant bordelais. Raphaël mène sa guerre dans les Brigades, devant Madrid, Teruel et Saragosse. Combats héroïques et désespérés, dans l’inorganisation, le désordre, la faim, le froid, la suspicion. Puis la fascination de la mort : » Je t’aime Emma, et pour toujours, mais j’aime aussi cette guerre folle et perdue d’avance. » Partout, les forces franquistes crèvent les lignes républicaines. Lorsqu’ils arrivent à Gurs, Raphaël sent que quelque chose a changé dans la plaine naguère si paisible. C’est qu’un immense camp d' » internement » étend désormais ses kilomètres de barbelés et de baraques non loin du village : 20 000 hommes de l’armée républicaine vaincue y sont entassés dans la pire détresse. Raphaël se fait accepter dans le camp et tente de soulager ses compagnons d’armes. Mais l’Histoire se précipite : avec la déclaration de guerre de septembre 1939, le gouvernement français rassemble à Gurs une foule d' » indésirables » français et étrangers, bientôt remplacés, sous Vichy, par d’autres » indésirables » : les Juifs. Et c’est alors qu’Emma entre à son tour dans le camp, se lançant à corps perdu dans un vain combat pour les internés. Jusqu’à en être brutalement chassée, sitôt que Gurs se vide pour Drancy. C’est la fin. Et pour Emma, la fin de son amour. La guerre les avait réunis, Raphaël et elle, dès lors elle les sépare : Emma sait que, pour Raphaël, la guerre est plus importante que tout. La jeune femme est brisée. Au moins, le temps d’une tragédie, auront-ils brûlé ensemble. C’est l’histoire d’un amour et d’une cruelle époque. L’histoire de deux êtres qui se sont aimés passionnément, mais que trop d’obstacles séparaient. Elle ne rêvait que d’amour, il ne songeait qu’à la guerre – et à la mort. C’est aussi l’histoire d’un village, de ses femmes et de ses hommes que la guerre et le camp même contaminent. Tout cela sous la plume ardente, rude et sensible de Martine Marie Muller.
Martine Marie Muller
D'origine alsacienne et béarnaise, Martine Marie Muller est professeur de lettres dans un lycée de la région parisienne. Elle a notamment publié, aux Éditions Robert Laffont, La Porte, L'Homme de la frontière, Quai des Amériques, Les Enfants de l'Arche et « La trilogie des servantes » (Mademoiselle des palissages, La Servante de Monsieur Vincent et La Servante noire).