Paris
Un Américain à Paris… Portrait d’« une ville fondée sur la Vie », par E. E. Cummings
Toute sa vie durant, E. E. Cummings a noué une relation d’amour authentique avec Paris. C’est en 1917, tandis qu’il rejoint l’Ambulance Service, qu’il découvre la ville pour la première fois – et c’est l’éblouissement –, puis il y séjourne plus longuement au début des années 1920, pour y revenir par la suite chaque fois qu’il le peut, en solitaire ou en compagnie d’une femme.
Lettres, articles, poèmes : une quarantaine de textes racontent son Paris, celui où se rencontrent, loin des sites indiqués dans le Baedeker, ses sujets favoris – des scènes publiques ou intimes, jamais tout à fait séparées de l’amour, des cycles naturels du jour et des saisons, de l’atmosphère sociale et politique, de l’art et des spectacles. Ces textes nous offrent une introduction parfaite à son approche de la vie comme à la diversité de ses écritures, car il a côtoyé dans le Paris de l’entre-deux-guerres toutes les avant-gardes littéraires et artistiques, et a sondé les profondes mutations politiques qui secouent la vieille Europe.
À travers ces textes, ce sont des instantanés qui apparaissent sous nos yeux : le scandale de Joséphine Baker aux Folies Bergère, deux précieuses discutant mode au Café du Père Tranquille, la fête du Lion de Belfort, place Denfert-Rochereau avec ses manèges et acrobates, ou la Foire au pain d’épice, cours de Vincennes, où l’on entend résonner un orgue de barbarie… Derrière le côté carte postale, Paris a été une alternative à tout ce qu’il déteste aux États-Unis : le puritanisme mais surtout l’importance accordée à l’argent, au luxe qu’il procure, en plus des distinctions sociales et culturelles qui en résultent. Paris ne le déçoit, rarement, que lorsqu’il cède à des accès de violence sectaire, ou quand les hommes d’affaires américains discutent « money », indifférents à la beauté de la lumière sur Notre-Dame.
E.E. Cummings
Edward Estlin Cummings est né en 1894 à Cambridge (Massachusetts). Étudiant à l'université Harvard, il vient en France comme ambulancier en 1917. Ses convictions pacifistes lui valent trois mois de détention à La Ferté-Macé (Orne). Cette expérience lui inspire L'Énorme Chambrée, un récit enjoué et moqueur, remarqué dès sa sortie par la critique et figurant depuis parmi les classiques. Toute sa vie, Cummings écrira des poèmes, sur l'actualité parfois et sur la vie sociale, mais plus souvent sur les thèmes éternels de la nature et de l'amour, dans un style de plus en plus novateur, bousculant les formes et repoussant les frontières du langage. Très populaire auprès des jeunes après la Seconde Guerre mondiale, Cummings est mort en 1962.