Retourne à la maison !
On s’en croit souvent débarrassé. Exempt. En France, en politique, le machisme serait en perdition. Le sexisme aurait disparu… Il n’y a qu’à regarder le gouvernement : paritaire ! La bataille pour la mairie de Paris : un duel de femmes ! La loi sur la parité : votée depuis presque quinze ans ! Et pourtant… Avec la féminisation, lente, du monde politique, le sexisme n’a pas disparu pour autant. Régulièrement, à l’Assemblée nationale, dans les conseils régionaux, au Sénat, de nombreux faits viennent rappeler que la marche pour l’égalité entre hommes et femmes est tout juste entamée.
Le sexisme demeure vivace, souvent insidieux, parfois grossier. Il est l’un des archaïsmes de la société française. Aujourd’hui, les hommes sont toujours 73 % à l’Assemblée nationale, et 75 % au Sénat. Dans les régions, les femmes occupent désormais 48 % des mandats exécutifs… mais seulement une présidence. L’inégale répartition des postes de pouvoir et des mandats se lit dans les chiffres. Le sexisme se loge dans le langage, il se révèle dans les réflexes de domination : le choix des investitures, le temps de parole en public, les nominations… Des petites phrases balancées aux ministres et aux élues jusqu’au processus de prise de pouvoir, l’enquête de Charlotte Rotman décortique nos représentations et nos habitudes. Son livre n’est pas une leçon de morale. Ni un énième constat sentencieux. Il colle aux mouvements d’aujourd’hui, dans le monde politique, miroir grossissant de notre société.
Charlotte Rotman
Charlotte Rotman est journaliste àLibération, membre du service politique, elle est en charge du FN. Elle est l'auteur des Années 68 (avec Patrick Rotman, Seuil, 2008).